Les non-dits de l'économie

La prochaine crise de surproduction

La «quatrième révolution industrielle» – au centre de laquelle se trouvent l’automatisation, la digitalisation et la robotisation de bien des activités économiques – va vraisemblablement bouleverser le marché du travail et, de là, l’ensemble du système économique au plan national et global durant la deuxième moitié de ce siècle.

Si lors des trois précédentes révolutions industrielles (aux XVIII, XIX et XX siècles) la destruction créatrice du progrès technique a déplacé un nombre important de places de travail d’un secteur d’activité à un autre – avec somme toute une création nette de ces places dans l’ensemble de l’économie nationale –, la quatrième révolution industrielle n’aboutira pas au même résultat à cet égard, en ce qui concerne surtout les pays avancés sur le plan économique.

La globalisation et la financiarisation des activités économiques sont à présent déjà trop poussées à leurs extrêmes pour envisager un retour en arrière, faisant en sorte que l’économie et la finance permettent de satisfaire les besoins humains au lieu de continuer à être un joug pour une grande partie de la population mondiale.

L’assujettissement des choix stratégiques des entreprises de l’économie «réelle» aux mobiles des acteurs sur les marchés financiers ainsi que, de manière induite, la recherche mordicus d’avantages compétitifs par la réduction du «coût salarial unitaire» vont amener les entreprises de tout bord à remplacer de plus en plus de collaborateurs par des robots ou des «software intelligents». Cette tendance est déjà très clairement amorcée dans les domaines d’activité les plus divers, notamment dans l’industrie et de plus en plus également dans le secteur des services, y compris les médias, l’enseignement, les consultations médicales et les services financiers disponibles en ligne.

Or, s’il est vrai que désormais les voitures sont construites – et bientôt aussi conduites – par des robots, rendant de ce fait inutile l’intervention humaine, force est de considérer que les robots n’achèteront jamais de voitures. Si l’on veut dès lors éviter une crise de surproduction à l’instar de celle qui continue de sévir dans le monde occidental, il faut s’activer pour mettre sur pied un nouveau modèle de société résilient aux crises de surproduction engendrées par le régime économique actuel. Pour y arriver en douceur, l’adoption de l’initiative populaire fédérale «Pour un revenu de base inconditionnel» en Suisse serait une étape importante, parce qu’elle permettrait d’ouvrir la voie à un système économique qui sert le bien commun dans l’intérêt général de ses parties prenantes.

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