Les non-dits de l'économie

La zone euro n’a pas besoin de vitamine D

Les injections de liquidité par la Banque centrale européenne ne vont pas soutenir l’économie de la zone euro tant que cette vitamine D (de Draghi) est injectée avec l’obligation (morale) de faire des réformes «structurelles» sur le marché du travail, qui consistent à augmenter les incertitudes des travailleurs soumis à la flexibilité (vers le bas) de leurs rémunérations. Cela ne peut que péjorer la situation économique de l’Euroland, à travers une diminution des dépenses de consommation et, dès lors, des investissements privés, grevant alors davantage les finances publiques dans un cercle vicieux dramatique pour bien des ménages européens.

Pour sortir de sa propre crise, l’Euroland a besoin d’un changement en profondeur de la politique économique de matrice néolibérale. Il faut en l’occurrence profiter des taux d’intérêt historiquement bas pour financer un plan de relance du secteur industriel européen à travers la dépense publique des pays qui, comme l’Allemagne, ne sont pas sous le «joug» des marchés financiers mais dont les titres de la dette publique ont des rendements désormais négatifs.

Les domaines industriels dans lesquels le déficit d’investissement est évident, même en Allemagne, ne manquent pas: au-delà du domaine des transports (privés et publics), il suffit de penser à l’ensemble des investissements nécessaires pour assurer le développement durable des activités économiques. Ce véritable «Green New Deal» peut être également un élément important afin de fédérer les peuples d’Europe autour d’un projet véritablement pan-européen, qui obligerait les Etats-nations à se coordonner afin d’assurer l’interopérabilité des systèmes à l’échelle du Vieux continent.

On l’aura compris, le déficit le plus important à éliminer, en l’état, n’est pas celui des finances publiques, mais le déficit d’idées permettant de réaliser le projet des pères fondateurs de la Communauté européenne.

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