Les non-dits de l'économie

Deux poids, deux mesures et un risque systémique

Les discussions tragi-comiques entre la Grèce et ses créanciers réunis dans le Groupe de Bruxelles (le nouveau nom politiquement correct de la Troïka) ont montré, une fois de plus, l’utilisation de deux poids, deux mesures lors du traitement des débiteurs, privés ou publics, en grande difficulté financière suite à la crise de l’Euroland.

Alors que les banques problématiques dans la zone euro ont reçu plus de mille milliards d’euros à cheval des années 2011 et 2012 et sans la moindre condition par la Banque centrale européenne, celle-ci n’arrête pas, avec les autres membres du Groupe de Bruxelles, d’exiger que le gouvernement d’Athènes rembourse jusqu’au dernier euro l’encours de sa dette dont tout le monde sait qu’elle est inexigible à 100 pour cent. Il faudrait en effet bien des dizaines d’années de croissance économique en Grèce avant que son gouvernement puisse réunir les sommes dont il a besoin pour satisfaire ses créanciers étrangers, alors que les plans d’austérité draconienne ont aggravé le rapport entre la dette publique et le produit intérieur brut de la Grèce.

Par ailleurs, l’assouplissement monétaire entamé le mois passé par M. Draghi va enfler une nouvelle bulle du crédit privé car les banques qui, au sein de l’Union bancaire, doivent augmenter leur rentabilité afin que les actionnaires contribuent à les recapitaliser, vont prendre davantage de risques en octroyant généreusement des crédits aux activités qui (à première vue) sont censées dégager des rendements élevés.

Au lieu d’être faible avec les forts et fort avec les faibles, il faudrait que le Groupe de Bruxelles s’occupe et se préoccupe du risque systémique que l’assouplissement monétaire européen va engendrer à l’échelle de l’ensemble du continent et qui affectera également la Suisse à moyen–long terme.

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