Les non-dits de l'économie

Coûts du travail et coûts de la santé

Bien des économistes et des politiciens considèrent la compétitivité de tout système économique comme l’élément déterminant du succès ou de l’insuccès des stratégies de management des entreprises ainsi que des choix de politique publique des institutions concernées. Dont acte.

Or, depuis l’avènement de l’idéologie néolibérale et a fortiori après que la crise économique a éclaté au plan global – notamment au sein de la zone euro –, la compétitivité d’une économie nationale est établie, voire renforcée, principalement sur la base des «coûts du travail», qu’il s’agit alors de minimiser coûte que coûte (et sans égard au coût du capital).

Si l’on avait une vision systémique du fonctionnement de l’économie et si l’on considérait l’ensemble des caractéristiques de toute personne, il serait pourtant évident que la réduction des «coûts du travail» (qui très souvent ne touche pas le «top management») au-dessous d’un certain seuil est contreproductive même en termes purement économiques – à savoir, suivant une approche coûts–bénéfices de nature financière.

D’ailleurs, l’évidence empirique dans beaucoup de pays occidentaux (y compris la Suisse) montre l’existence d’une corrélation (qui n’est pas à confondre avec une relation de causalité) entre la réduction des «coûts du travail» (entendez les salaires bruts et les cotisations que les firmes versent aux assurances sociales) et l’augmentation (remarquable) des coûts de la santé – dont une partie non-négligeable peut être attribuée à la péjoration des conditions de travail pour beaucoup de travailleurs.

Les économistes, disait Paul A. Samuelson, ont deux yeux: un œil doit être pour la demande et un autre œil doit être pour l’offre. Un tel regard systémique doit désormais être porté aussi sur les «coûts du travail» et les coûts de la santé, afin que les activités économiques contribuent au bien commun – seul véritable étalon de mesure de la compétitivité d’un système économique moderne et voué à la durabilité de l’ensemble de ses parties prenantes.

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