Le mois prochain, la Banque centrale européenne (BCE) va publier les résultats (très attendus) des tests de résistance menés par rapport aux 128 banques d’importance systémique dans l’Union européenne. Cela, en fait, comporte en lui-même un risque systémique: s’il s’avère que la BCE a fait un travail rigoureux et impeccable par rapport aux moyens à sa disposition, l’ampleur et la gravité des problèmes cachés dans bien des bilans bancaires à travers la zone euro vont aggraver la crise dont souffre cette zone. Les différentiels («spread») de taux d’intérêt vont à nouveau prendre rapidement l’ascenseur dans ce cas, induisant alors les gouvernements nationaux à renforcer davantage les mesures pour la «consolidation budgétaire» (entendez l’austérité). Ce serait le début de la fin pour l’Union européenne dont l’état de santé souffre déjà des graves erreurs de politique économique commises avant et après que la crise de l’Euroland a éclaté en 2010.
Par contre, si les résultats des tests de résistance publiés par la BCE ne sont pas crédibles car ils sont visiblement irréalistes et visent à ne pas exposer les cadavres dans le placard des banques européennes, cela représente également un risque systémique: les investisseurs et les acteurs sur les marchés financiers vont s’empresser de tester eux-mêmes la solidité (en fait, la fragilité) des banques concernées, par le biais d’opérations financières qui déstabiliseront l’ensemble du secteur bancaire de l’Euroland et qui ne manqueront pas d’affecter (en termes négatifs) l’économie globale.
La Suisse n’est pas à l’abri de cette «tempête parfaite». Il convient de se préparer à cet événement, faisant preuve d’imagination pour sortir le plus vite de ses conséquences négatives au plan socio-économique.