Durant les années 1970, les économistes ont souvent utilisé le mot «stagflation» (une contraction des mots «stagnation» et «inflation»), pour définir une situation conjoncturelle caractérisée par un taux de croissance économique proche de zéro, un taux de chômage qui ne diminuait pas et une augmentation assez remarquable des prix à la consommation.
La stagflation des années 1970 a notamment marqué au plan global l’abandon des politiques économiques inspirées par l’œuvre de John Maynard Keynes, qui expliquait la nécessité de relancer la demande sur le marché des produits en augmentant les dépenses publiques afin de résorber le chômage sans exercer des pressions à la hausse sur le niveau général des prix.
Or, l’acharnement avec lequel les mesures d’austérité prônées par les économistes néolibéraux sont appliquées mordicus dans le cadre de la zone euro, depuis l’éclatement de sa propre crise en 2010, peut être à l’origine d’un néologisme caractérisant la situation économique actuelle de l’Euroland: la «stag(dé)flation». L’évidence empirique montre en fait que, après 5 années d’austérité prétendument expansionniste, l’état de l’économie au sein de la zone euro – y compris l’Allemagne donc – est très loin de correspondre au scénario optimiste (voire illusoire) imaginé par les tenants de cette politique de l’offre.
Il est alors possible d’énoncer une prédiction (qui n’est pas pour autant une prévision): comme la stagflation a mis fin au keynésianisme mis en œuvre par des politiciens ignorant volens nolens l’œuvre de Keynes, la stag(dé)flation va mettre fin au néolibéralisme dont profite la finance au détriment du bien commun. Le changement sera violent et dramatique.