Les non-dits de l'économie

C’est une question d’offre

Les partisans de l’«austérité expansionniste» au sein de la zone euro ne cessent d’affirmer, à l’instar de la Banque centrale européenne, que les pays membres de l’Euroland (notamment ceux qui souffrent le plus de la crise actuelle) doivent faire des «réformes structurelles», surtout sur leurs marchés du travail, afin d’induire une augmentation de l’offre potentielle. Cela est censé apporter de la croissance économique, par la «loi de Say», grâce à laquelle les problèmes du chômage ainsi que des finances publiques pourront être résolus automatiquement.

Cette vision est complètement erronée à cause de deux fautes graves, qu’aucun économiste avisé ne commet certainement.

D’une part, ses défenseurs confondent (de manière intentionnelle?) l’offre potentielle et l’offre effective de biens et services. Si les firmes n’augmentent pas le degré d’utilisation des capacités de production et, de là, leur offre de biens et services, cela n’est aucunement dû à une limitation de l’offre potentielle. Leur offre effective n’éponge pas les capacités disponibles (travail et capital), à cause du fait que ces entreprises savent pertinemment qu’elles n’arriveront pas à écouler leur production maximale potentielle.

D’autre part, la crise de la zone euro est due à une demande sur le marché des produits abondamment insuffisante pour absorber toute l’offre effective sur ce marché. L’augmentation du taux de chômage observée depuis l’éclatement de cette crise à la fin 2009 en est une claire «évidence empirique». Cela implique, logiquement, qu’il faut mettre en place une politique économique axée sur l’augmentation de la demande de biens et services, au lieu d’insister mordicus avec une politique de l’offre vouée à l’échec.

Or, pour ce faire, il faut deux mesures que les élites économiques et financières abhorrent, parce qu’elles comportent une diminution des privilèges de celles-ci: le secteur public doit augmenter ses dépenses afin de soutenir l’activité économique, et une partie de ces dépenses doit être financée par les recettes fiscales provenant des contribuables les plus nantis (qui continuent de profiter d’une fiscalité allégée à leurs égards).

Nul ne doute que la crise de la zone euro ne sera pas résolue aussitôt.

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