L’Union européenne reste le grand malade de l’économie mondiale. Le projet néolibéral porté par l’adoption d’une monnaie unique à travers le Vieux continent pourrait mettre à mal ses partisans et notamment ceux qui en ont profité jusque là pour augmenter leurs richesses financières de manière indue et immorale, avant et pendant la crise de l’Euroland.
Le premier test de résistance sera effectué avec l’acceptation du projet d’Union bancaire réunissant les pays membres de la zone euro sous le chapeau d’un mécanisme de résolution unique pour les banques qui, à travers l’Euroland, venaient à être menacées de faillite. Le fonds qui va devoir être mis à contribution pour ce faire est très loin d’être constitué.
Le second test de résistance pour la zone euro sera l’élection (fin mai) des nouveaux représentants au Parlement européen. Si les partis de la droite europhobe obtiennent au moins 25 pour cent des sièges dans ce parlement, y compris les élus du mouvement populiste «Alternative für Deutschland», la zone euro pourrait ne pas survivre à sa propre crise.
Le troisième test de résistance pour l’Euroland interviendra lorsque les «marchés» financiers vont constater que l’Italie, sous le gouvernement de Matteo Renzi, n’arrive pas à respecter ses engagements financiers, parce que les «réformes structurelles» du marché du travail aggravent, au lieu d’atténuer, la situation de la troisième économie de l’Euroland.
Les nationalistes suisses auraient tort de se réjouir par Schadenfreude de la situation dramatique dans la zone euro car leur propre monnaie a devant elle une «tempête parfaite» qui mettra à mal (ce qui reste de) la cohésion sociale au pays des Helvètes. Il convient de s’y préparer, tout en oeuvrant pour contribuer à instituer les États-Unis d’Europe dans un horizon temporel raisonnable. Sans un projet de société, l’Europe ne va pas pouvoir s’écarter du sentier autodestructeur qu’elle a emprunté suivant le néolibéralisme, qui s’est désormais érigé en pensée unique.