Un nombre croissant de commentateurs appellent la Banque centrale européenne (BCE) à pratiquer une politique monétaire beaucoup plus expansionniste, pour éviter que la zone euro tombe en déflation, vu le faible renchérissement mesuré à travers l’Euroland.
Ces commentateurs, comme les partisans des mesures d’austérité au sein de la zone euro, oublient ou ignorent que les pressions à la baisse sur le niveau général des prix sont engendrées par l’austérité qu’ils ont imposée à la population de l’Euroland sous prétexte de relancer par ce biais la croissance économique dans les pays durement frappés par la crise.
Plutôt que de continuer à enfler la liquidité dont disposent les banques dans l’Euroland – et qui profite uniquement à l’industrie financière sans aucun effet positif sur le niveau de l’emploi et de la production à travers la zone euro – la BCE devrait coopérer avec les autorités européennes et les gouvernements nationaux pour soutenir l’activité économique, au lieu de la déprimer par des mesures de «consolidation budgétaire» qui, somme toute, ne font que renforcer les sentiments d’europhobie et les replis nationalistes, suite à l’augmentation du taux de chômage que les mesures d’austérité entraînent notamment dans les pays périphériques de cette zone.
En l’état, le «policy mix» dans la zone euro comporte un «acharnement thérapeutique» qui aggrave la santé du patient: en lui administrant un remède de cheval (les mesures d’austérité) joint à une dose croissante de morphine (la liquidité de la BCE) pour réduire la douleur, cela ne fait qu’augmenter les bénéfices des entreprises concernées sans vraiment éradiquer les causes essentielles de la maladie. Encore une fois, nous observons ainsi la privatisation des profits et la socialisation des pertes du régime de la financiarisation des activités économiques – un régime qui induit des crises systémiques au bénéfice de ses acteurs majeurs, avec la complaisance des politiciens élus et des économistes engagés pour défendre l’idéologie néolibérale de manière parascientifique.