Les non-dits de l'économie

Une faillite qui ne dit pas son nom

La réunion des ministres des finances de la zone euro qui se tiendra le 13 décembre prochain officialisera implicitement la faillite du processus d’intégration monétaire européenne évitant d’annoncer officiellement le défaut de paiement pour les créanciers de l’Etat grec, grâce à une aide financière de 34,4 milliards d’euros versés avant la fin de cette année dans les caisses publiques d’Athènes mais dont la grande majorité des destinataires finals sont à l’étranger.

L’adoption des mesures décidées lors du énième sommet européen à Bruxelles à la fin du mois passé (un marathon de négociations durant environ 13 heures) permettra, en fait, de sauver les apparences et de gagner ainsi encore du temps, si possible jusqu’à l’élection du prochain Chancelier en Allemagne, avant de reconnaître la faillite de l’Euroland au plan économique, politique et institutionnel.

Si les politiciens appelaient un chat un chat, les mesures que la Troïka (formée par des «experts» de la Banque centrale européenne, de la Commission européenne ainsi que du Fonds monétaire international) a adoptées à la fin du mois passé devraient être identifiées comme étant un défaut partiel de paiement de la dette publique grecque durant les prochaines 15 années.

Le rachat des obligations du gouvernement d’Athènes avec une décote moyenne de 65 pour cent, que l’Etat grec doit effectuer avant le 13 décembre prochain afin que celui-ci obtienne la tranche d’aide de 34,4 milliards d’euros avant la fin de l’année, ainsi que la prolongation de 15 ans de la maturité des emprunts contractés par le secteur public grec reviennent, en effet, à un défaut de paiement dans la réalité des faits.

Le malheur, une fois de plus, ne sera pas celui des créanciers qui ont prêté de manière irresponsable à la Grèce en tablant sur le fait que la zone euro est trop grande pour faire faillite, mais il frappera les Grecs qui subiront les conséquences négatives des mesures d’austérité que la Troïka durcira au fur et à mesure que l’assainissement des finances publiques d’Athènes renverra aux calendes grecques la réalisation des deux ratios dette publique/PIB et déficit public/PIB considérés comme des fétiches par les tenants de l’«austérité expansionniste».

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