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La rémunération doit rester secondaire!

Ca y est, l’Union Européenne s’est engagé à encadrer les bonus dans les banques, avec une mesure restrictive. Alors qu’en Suisse l’initiative Minder propose simplement de donner un peu plus de pouvoir à l’assemblée générale en la matière, l’Union Européenne propose de limiter de façon dure les bonus. Cela pourrait bien tordre le coup aux personnes qui pensent que les entreprises pourraient déménager à côté si l’initiative était acceptée en Suisse…

Des bonus qui font du mal

Au fait, de nombreux négociateurs et responsables politiques se sont rendu compte que des politiques de rémunérations extrêmes avaient un énorme défaut et qu’elles causaient également du tort aux entreprises, en plus de démolir la cohésion sociale. C’est pourquoi la proposition européenne consiste à bloquer les bonus, dans le pire des cas, au double du salaire de base. Evidemment, cela n’empêche pas de très grosses rémunérations, mais cela limite un peu les bonus explosifs.

Démotivant et stressant

Mais que sait-on sur les bonus et les salaires? De nombreuses études ont montré des effets négatifs des très hautes rémunérations variables sur la performance. Cela est essentiellement lié à deux phénomènes. Premièrement, lorsque l’on utilise l’argent pour motiver les gens, ils s’intéressent beaucoup moins à la tâche qu’ils font et apprécient moins leur travail. Aussi, lorsque les bonus sont très grands, les gens sont ultra-stressés par l’enjeu. En somme, au lieu de travailler parce qu’ils aiment ce qu’ils font, qu’ils aiment leur entreprise ou pour se réaliser, ils font tout ce qu’il faut pour gagner de l’argent, ce qui les rend moins efficace.

L’étude de Dan Ariely

Dan Ariely par exemple a fait une étude édifiante à ce sujet, en Inde. Il a comparé trois groupes de personnes à qui l’on avait demandé de faire une série de tâches. A un groupe, il a promis un petit bonus si la performance était bonne. A un autre groupe, le bonus promis était beaucoup plus gros (équivalent à 2 semaines de travail). Le troisième groupe s’est vu promettre un bonus stratosphérique: l’équivalent de 5 mois de salaire. Le résultat est clair: plus le bonus était élevé, moins les gens ont réussi à accomplir la tâche, plus la performance était basse, et moins les gens ont apprécié la tâche.

La motivation réelle

Qu’on arrête de nous faire croire qu’il faut payer les managers très cher pour qu’ils fassent du bon travail. C’est le contraire: il faut que la rémunération soit secondaire dans leur motivation.

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