De temps en temps, dans cette rubrique, je souhaite proposer des moyens crédibles, faisables et concrets de réaliser des changements qui paraissent utopiques à la majorité d’entre nous.
Aujourd’hui, je vous propose une idée de mesure qui pourrait mener, à long terme, à démocratiser un peu notre système économique.
Un actionnariat tout puissant
L’un des problèmes fondamentaux de notre système économique, est qu’il y a une différence entre les actionnaires et les travailleurs. Comme montré dans la première partie du schéma ci-dessus, les travailleurs, par leur travail, apportent de la valeur à une entreprise. Une partie de cette valeur lui est rendue sous forme de travail, l’autre partie est prise par des actionnaires sous forme de profit. Le dividende, c’est l’argent que prennent les actionnaires des sociétés anonymes, par exemple. En plus de recevoir le dividende, les actionnaires possèdent l’entreprise et peuvent prendre toutes les décisions. La raison pour laquelle les actionnaires bénéficient de ces avantages, c’est qu’ils ont de l’argent, et qu’ils l’ont investi dans l’entreprise. Il y a donc deux façons de gagner de l’argent. Soit vous travaillez, et vous recevez une contrepartie. Soit vous ne travaillez pas, mais vous avez de l’argent, et vous recevez du profit.
Un glissement progressif
Sans bouleverser le système actuel, et sans même vraiment changer la situation pour les actionnaires actuel, il serait possible de démocratiser très fortement le fonctionnement des entreprises en quelques dizaines d’années. La solution est simple : ponctionner une petite part de la masse salariale ou du profit, utiliser cet argent pour créer un fond, et racheter des actions de l’entreprise avec ce fond. Ce fond, sera alimenté chaque année un peu plus, et possèdera de plus en plus d’actions de l’entreprise. Si, de par la loi, chaque employé possède une part et une seule du fond, quel qu’il soit, l’entreprise sera démocratiquement contrôlée par ses employés au bout d’une longue période de temps, alors que les actionnaires auront largement récupéré leurs billes.
Un exemple concret : Nestlé
Pour voir si c’est vraiment possible, prenons une entreprise concrète, que nous connaissons bien en Suisse : Neslté.
En 2011, Nestlé a versé 13.6 milliards de salaires et a fait 9.4 milliards de bénéfices, sur un chiffre d’affaires de 83.6 milliards. Enfin, la capitalisation boursière, c’est-à-dire le prix de toutes les actions de l’entreprise, est de 171.2 milliards. Si, de par la loi, 1% de la capitalisation boursière devait être redistribué à un fond possédé par les employés, cela coûterait donc 1.7 milliards en 2011.
Quand un distributeur achète un produit Nestlé pour 10.-, 1 franc 10 est utilisé pour payer le profit des actionnaires, 1 franc 60 pour les salaires, 5 francs 20 servent à acheter les matières premières. Pour 20 centimes supplémentaires, nous pourrions mettre en place ce système. N’oubliez pas que quand nous achetons un produit Nestlé dans la grande distribution, nous payons en plus une grosse marge que fait le magasin. En somme, cela causerait à peu près les mêmes dégâts au consommateur qu’une augmentation de la TVA d’un peu plus de 1%.
Par contre, en 20 ans, les employés de leurs entreprises auraient déjà un pouvoir significatif sur leur société. En 50 ans, ils y seraient majoritaires, et pourraient prendre les décisions qui les concernent. Qui sait, alors, si nous aurions toujours des salaires aussi abusifs ?
1% de TVA pour rendre à toutes et tous leurs richesses
Il va de soi qu’on peut aller plus vite ou plus lentement, et on peut aussi mettre en place un système qui donne les entreprises à la population générale plutôt qu’à leurs employés. Par contre, on peut constater qu’en mettant en place une politique très douce aujourd’hui, nous pouvons radicalement changer un gros problème de la société d’aujourd’hui : une toute petite minorité concentre le pouvoir et en extrait beaucoup (trop) de profit. Pour 1% de TVA, nous pourrions aujourd’hui mettre en place une mesure, pour les générations futures, qui permettrait peut-être aux humains d’avoir un peu plus de pouvoir sur leur destin. Evidemment, ce n’est qu’une mesure qui ne règlerait de loin pas tous les problèmes, mais qui permettrait à notre société d’être un peu moins injuste et moins inégale.
