L'oeil du Paon

#Me(n)too | L’homme aussi…

 

La parole des femmes s’est libérée, et c’est heureux. Abus et maltraitances subis face à des hommes manipulateurs, séparations les plongeant dans la précarité, travail sous-payé, hiérarchies dysfonctionnelles. Tous ces cris du cœur sont autant d’actes courageux et une évolution remarquable qui contribue à casser des structures historiques et culturelles machistes. Ce nouvel esprit consistant à «oser dire» est aussi un espoir pour toutes les jeunes femmes, nos filles et nos petites filles à venir.

Parallèlement, dans ma pratique quotidienne, je rencontre bien des hommes qui ont subi des incestes ou des viols, par des hommes ou des femmes, ou qui souffrent de se retrouver dans leurs relations face à des modèles de femmes «castratrices». D’autres ont été «cassés» par des divorces, parfois à charge et toujours difficiles à trancher de manière équitable.

Pour ces hommes qui, statistiquement, ne sont pas représentatifs, la souffrance est réelle. Elle entraîne une grande confusion quant à leur virilité, les qualités masculines qu’ils peuvent cultiver sans tomber dans la phallocratie, leur équilibre intérieur féminin-masculin et surtout comment se comporter dans les rapports avec les femmes.

 

Pourtant, l’opposition des genres, voire la guerre des sexes, n’est pas forcément inévitable. J’ai eu la chance, dans ma famille comme dans ma vie sentimentale, d’avoir affaire à des modèles d’hommes à la fois très bienveillants et assumant sereinement leur virilité. Je les en remercie, ils m’ont permis de vivre pleinement mes qualités féminines, tout en me sentant en harmonie relationnelle.

Comme si souvent, c’est dans l’éducation que réside la clé. La culture de l’égalité, du respect, du non-jugement nous aidera, avec le temps, à changer les mentalités. Il ne s’agit pas de transformer symboliquement la femme en homme ou l’homme en femme, ni de poursuivre une vision «non-genrée» de notre civilisation. La quête, personnelle et collective, devrait plutôt être la recherche de l’équilibre entre ces belles qualités complémentaires du féminin et du masculin.

Évitons qu’une attitude trop radicale et «clichéiste» des relations entraîne la destruction de toute «saine séduction» entre hommes et femmes. Car le désir naît de la différence. Ce serait dommage de la gommer. Et reconnaissons aux hommes aussi leur capacité de bienveillance, la réalité de leurs souffrances et leur besoin de les exprimer.

 

Sabrina Pavone

 

Illustration: Thomas Ulrich | Pixabay

Quitter la version mobile