Savoirs en société

L’ultracrépidarianisme, carburant ultime du complotisme

J’ai un problème avec le complotisme. Non pas avec ses origines historiques, ses causes psychosociales ou ses manifestations cognitives, sur lesquelles existe une littérature scientifique foisonnante. Non, j’ai un problème avec la manière dont le concept lui-même est accueilli par ceux et celles qui en présentent les symptômes. Ainsi, aux divers articles de blog et vidéos que nous avons produits ces dernières années en écho à ces nombreux travaux académiques, les réactions négatives, lorsqu’elles s’exprimaient, développaient presque toujours le même argumentaire : “Le complotisme n’existe pas ; c’est un épouvantail imaginé par les élites pour museler la contestation populaire“.

“Le complotisme n’existe pas”

Après des mois d’analyse de ce concept, fondé dans les années 50 par l’éminent philosophe des sciences Karl Popper, et dont les manifestations s’étalent partout où l’on porte son attention, sur les réseaux sociaux, dans les conversation de bistrot et à longueur(s) de repas de familles, une telle phrase pourrait paraître particulièrement stupéfiante. Un peu comme si un xénophobe ou un mari violent venaient respectivement vous expliquer que le racisme et les violences faites aux femmes n’existent pas et sont des inventions des noirs et des femmes pour maintenir un contrôle sur les populations respectivement blanches et masculines.

Pourtant, contrairement au racisme et aux violences faites aux femmes, la phrase “le complotisme n’existe pas” est d’autant plus compréhensible qu’on a justement bien étudié les racines du phénomène ; à savoir de puissants sentiments de déclassement économique, social, culturel, intellectuel et générationnel, entretenus par les crises structurelles successives traversées par notre société occidentale et par la montée d’inégalités de tous ordres.

Ainsi, dès lors que la pensée complotiste entend (souvent à raison) dénoncer le pouvoir démocratiquement incontrôlable des élites, il est difficile pour ceux et celles chez qui cette dénonciation s’exprime de se voir renvoyer à la figure, par certaines de ces mêmes élites, un concept qui rabaisse leur révolte au rang (au mieux) de biais de raisonnement ou (au pire) de maladie mentale.

Il est en outre probable que l’accusation de complotisme soit bien trop souvent utilisée comme argument d’autorité sur les réseaux sociaux, par des débatteurs qui n’ont peut-être pas eux-mêmes bien saisi la signification fine de ce concept. Il est sans doute vrai également que le concept de complotisme contribue à nourrir cette “lutte des classements” dénoncée par Pierre Bourdieu en 1982 dans sa Leçon sur la leçon, comme avatar particulier de la lutte des classes. Il est enfin évident que parmi toutes les théories du complot imaginées pour dénoncer le contrôle des élites sur les événements sociaux dont souffrent les populations les moins favorisées, disposant à la fois de faible pouvoir d’achat et de faible pouvoir d’agir, il en est qui sont plausibles, voire parfois se vérifient. Autant d’éléments qui peuvent légitimement conduire à critiquer cette étiquette dépréciative, trop facilement dégainée.

Dénoncer des complots ne contraint pas pour autant au complotisme

Le complotisme n’est toutefois pas le fait de dénoncer un complot (ce qui en soi est très honorable pour autant qu’il soit avéré) mais de le faire selon une démarche intellectuelle cognitivement biaisée. Celle sur laquelle repose le complotisme consiste à douter de tout sauf de l’existence du complot présupposé, à antéposer la thèse de son existence puis à chercher tous les éléments potentiellement compatibles avec elle, et enfin de les ériger a posteriori en “preuves” dudit complot. Lorsque l’on comprend cela, on comprend également qu’il est possible de dénoncer les actions de n’importe quel gouvernement et de n’importe quel groupe de milliardaires si on le souhaite, mais sans s’empêtrer pour autant dans une argumentation complotiste.

Autrement dit : les complots existent mais ce n’est pas avec une approche complotiste qu’on les dévoile. Et si les complotistes ont souvent de très bonnes raisons de l’être, ils n’ont pas raison de l’être.

Certes, cette position compréhensive doit être modulée par la prise en compte d’un risque sérieux : celui d’une désinformation généralisée par les tombereaux de fake news déversées dans le marigot de la complosphère, jusqu’ici par des armées de trolls (souvent russes) et bientôt par des fermes à trolls nourries par des intelligences artificielles génératives et des chatbots du type de ChatGPT. Jusqu’à il y a peu, lorsque vous étiez confronté·e à des propos complotsites sur les réseaux sociaux, la probabilité qu’ils émanent d’un troll russe était non négligeable. A l’avenir, il y aura de fortes chances que vous ne parliez plus à un humain mais à un algorithme. Ceci est toutefois une autre histoire.

Bref. Du côté des élites éduquées, nous devrions tout de même pouvoir admettre qu’une protestation proto-politique puisse légitimement s’exprimer, même de manière maladroite et complotisante, dès lors qu’elle est issue d’un vécu sincère, entraînant des intuitions souvent moins infondées que la manière dont elles s’extériorisent. Pourtant, là où la maladresse complotiste atteint des limites qu’il devient difficile de justifier, c’est lorsque le mode de pensée correspondant rejoint non pas l’ignorance, mais l’ignorance de son ignorance. Expliquons-nous.

De l’ignorance de l’ignorance…

Il y a des choses que nous savons et des choses que nous ignorons. Même s’il arrive que nous sachions des choses sans savoir que nous les savons (méta-ignorance de la connaissance, ou connaissance inconsciente), nous avons en général une certaine connaissance de ce que nous savons (méta-connaissance de la connaissance, ou connaissance consciente). Je sais par exemple que je sais dériver un polynôme de n’importe quel degré en mathématiques, que je sais réaliser la synthèse expérimentale de l’aspirine en chimie, que je sais expliquer les racines psycho-sociales du complotisme en sociologie des sciences.

Articulations entre connaissance, ignorance, méta-connaissance et méta-ignorance.

Il y a par ailleurs bien des choses que nous ignorons, et dont nous ignorons que nous les ignorons (méta-ignorance de l’ignorance, ou ignorance inconsciente). Je ne sais par exemple pas ce que j’ignore dans le champ de la linguistique chinoise ou de la parapsychologie infantile des poissons rouges du Zimbabwe et je ne sais même pas si de tels champs d’étude existent. Je sais juste qu’il existe probablement des montagnes de connaissances dont je n’ai pas même idée et que je ne découvrirai pas de mon vivant.

Enfin et surtout, il y a des choses dont nous savons que nous les ignorons (méta-connaissance de l’ignorance, ou ignorance consciente) : je sais que je ne sais pas résoudre analytiquement l’équation de Schrödinger, je sais que je ne sais pas réaliser la synthèse de l’héroïne (même si cela me rendrait plus riche que celle de l’aspirine) et je sais que je ne dispose pas des connaissances étendues de Laurence Kaufmann ou de Pascal Wagner-Egger sur la question du complotisme.

Lorsque la connaissance consciente s’étend, elle repousse l’ignorance consciente, qui croît au fur et à mesure que la connaissance progresse. Dans le même temps, l’ignorance inconsciente régresse.

De ces quatre catégories, c’est paradoxalement la dernière (la méta-connaissance de sa propre ignorance) qui est la plus importante lorsque l’on souhaite s’exprimer sur un sujet donné. Car lorsque je souhaite partager mes connaissances ou mes convictions, et que j’entends le faire depuis une posture d’autorité, j’ai le devoir presque moral d’avoir identifié très clairement ce que j’ignorais, au minimum en bordure de mon domaine de connaissances et si possible le plus loin possible au-delà.

Pourquoi ? Parce que c’est la seule manière de ne pas raconter n’importe quoi…

L’exemple de l’origine du Covid-19

Il y a quelques semaines, un cousin me transmet un court article en me demandant mon avis. Le texte est convaincant, l’auteur donne des gages de sincérité et de notoriété mais, saisi d’un doute, le cousin préfère user un peu de son esprit critique (et du mien) avant de prendre le tout pour argent comptant.

“La pandémie sort du puits”, publié par Olivier Cabanel le 15 juin 2021 dans Agoravox, le média citoyen.

Comment lire un tel texte ? La méthode est simple et habituelle : ce qu’il faut faire, cher cousin, c’est regarder : 1/ qui écrit et 2/ dans quoi il écrit. En d’autres termes : identifier l’identité de l’auteur et la nature de la source, pour être en mesure d’évaluer le degré de confiance que l’on souhaite leur accorder.

A la question 1, la réponse se trouve sur le site d’Agoravox lui-même : Olivier Cabanel s’y présente comme un “écologiste de la première heure, à l’origine de la première centrale photovoltaïque reliée au réseau en France“, mais aussi comme un “artiste, chanteur, auteur-compositeur-interprète et peintre“. En recherchant une réponse à la question 2, on apprend par ailleurs qu’Agoravox se définit comme un site web de “journalisme citoyen participatif”. L’initiative, lancée par l’entrepreneur Carlo Revelli avec la caution du scientifique Joël de Rosnay, y apparaît comme sérieuse et sincère.

Du côté d’Olivier Cabanel, certes, point de trace d’une éventuelle expertise en épidémiologie, en santé publique ou en géostratégie ; mais l’absence d’expertise académique et professionnelle sur un sujet est sans doute une condition nécessaire pour pouvoir le traiter en tant que “journaliste citoyen”. Du côté d’Agoravox, on apprend que le média gratuit a été plusieurs fois épinglé par le site ConspiracyWatch ; mais avec des dizaines de milliers de contributrices et contributeurs, la perméabilité aux théories du complot est sans doute un effet secondaire inévitable à ce genre d’entreprises.

Conclusion provisoire : les réponses aux deux questions posées ne disqualifient pas a priori l’article mis en exergue, même si elles invitent à la prudence. De même qu’un “journaliste citoyen” (avec lequel nos partageons apparemment une sensibilité écologiste) est susceptible d’écrire des choses intéressantes, l’idée d’un “média citoyen participatif” est excellente et on peut s’attendre à y trouver des points de vue authentiques et décalés. Mais pour être participatif, Agoravox ne bénéficie pas pour autant d’un blanc-seing inconditionnel quant à l’objectivité des propos qui y sont tenus. On ne peut pas non plus s’attendre à ce que l’avis d’un “auteur-compositeur-interprète” sur une question aussi complexe que celle de l’origine du coronavirus apporte des éléments dont les expert·es des différents domaines concernés n’auraient pas déjà pris connaissance. A moins bien sûr qu’ils ne soient tous écrasés par l’intelligence sidérale du journaliste-citoyen et/ou partie prenante du complot (nous y reviendrons).

Une pensée pseudo-rationnelle cognitivement biaisée

Le lecteur et la lectrice averti·es et habituée·es de ce blog décèleront sans doute une légère pointe d’ironie dans la manière dont nous utilisons jusqu’ici moult pincettes pour aborder ce texte d’Agoravox. Car enfin, il suffit de commencer à le lire pour découvrir une effarante litanie d’imbécilités à tendance ultra-complotiste. A nouveau, le terme “complotiste” n’est pas ici à prendre au sens de “critique du système et des élites” (un auteur-compositeur-interprète a bien le droit de s’offusquer de la politique sanitaire mise en place par le gouvernement de son pays) mais au sens d’une pensée pseudo-rationnelle cognitivement biaisée, c’est-à-dire se donnant l’apparence d’une démarche d’investigation mais ne faisant que renforcer un complot postulé par avance, sans qu’aucun esprit critique ne s’exerce à son égard.

Dans le sillage de cette démarche intellectuelle dévoyée, on retrouve par ailleurs la traditionnelle “inversion de la charge de la preuve”, inhérente aux discours complotistes en raison même de l’inversion du sens de la démarche hypothético-déductive dont ils procèdent par essence. Bien entendu, l’arsenal sémantique propre à la rhétorique complotiste est également déployé, de l’idée initiale selon laquelle les comploteurs seraient désormais “démasqués” (grâce à la sagacité du journaliste citoyen bien sûr), à la conclusion quasi-messianique annonçant l’illumination de la connaissance révélée, suivie de l’injonction à porter la bonne parole tout autour du monde.

Toutefois (nous l’évoquions en préambule de cette analyse), ces procédés, leurs causes et leurs mécanismes ont été parfaitement explicités et documentés. De sorte que la frénésie complotiste de ce type de textes fait désormais davantage sourire qu’elle n’étonne. Ce qui étonne, toutefois, c’est la sidérante ignorance de sa propre ignorance dont témoignent les propos de l’auteur.

Arrogance naïve

Nous l’évoquions plus haut : lorsque l’on écrit sur un sujet, la connaissance de ce que l’on ignore est au moins aussi importance que la connaissance de ce que l’on sait. Car c’est elle qui invite à la prudence, à qualifier les hypothèses que l’on formule selon qu’elles sont plus ou moins audacieuses. C’est elle qui conduit à contacter l’expert·e du domaine pour s’assurer de la plausibilité de ce que l’on écrit. Celle elle encore qui conduit à passer plus de temps à lire qu’à écrire, à sortir de sa zone de confort (et de sa bulle de filtre) en cherchant la remise en question de ce que l’on croit et non sa confirmation.

Or ce à quoi on assiste dans le brûlot d’Olivier Cabanel est tout le contraire de cette indispensable prudence que l’on doit à la connaissance de sa propre ignorance. On peut être ignorant des sujets que l’on traite dans un média citoyen participatif ; mais l’honnêteté la plus élémentaire consisterait au minimum à prendre conscience de cette ignorance avant de prendre la plume. Or l’une des constantes des discours complotistes, c’est justement cette sorte d’arrogance naïve de celles et ceux qui croient avoir découvert des Affaires d’Etat depuis leur salon, leur page FB… et leur bulle de filtre. Pour être franc, on aurait parfois envie de leur dire : “Les gars, le simple fait que vous pensiez l’avoir découvert avec un tel mode opératoire, c’est probablement la preuve que c’est faux“.

Et surtout, comment peut-on imaginer que tous les gens sérieux, tous les experts du monde, tous les scientifiques, les enseignant·es, les médias d’investigation, bref, tous les gens qui sont formés pour faire leur métier, soient ainsi partie prenante d’un tel complot ? Mais un complot au profit de qui ? Parce que cela commence à faire du monde. Et tous ont été confinés, tous autant qu’Olivier Cabanel. Et beaucoup ont perdu de l’argent, du temps, des amis. Là encore, croire à un complot généralisé, c’est ignorer totalement que l’on ignore comment les institutions fonctionnent et qu’en leur sein, il y a des vraies personnes qui ne sont peut-être pas toutes des moutons.

Les “moutons” : autre figure omniprésente du vocabulaire complotiste. Cette arrogance naïve que nous évoquions plus haut ne s’arrête en effet pas à la certitude d’avoir eu l’illumination par soi-même : elle érige sa propre sagacité en intelligence supérieure. Un processus qui, chez les complotistes, opère non seulement dans la négation de la capacité d’analyse de leurs contemporain·es, mais également dans l’ignorance la plus complète de ce que l’organisation d’un complot de l’envergure de celui qui est dénoncé supposerait de ressources et d’ingéniosité. Cette fois, ce que l’on a envie de leur dire, c’est : “Dites encore, les gars, si tout votre baratin était vrai, les artisans de ces méga-complots, ces élites intellectuelles, médiatiques, économiques et politiques dont vous dénoncez la connivence, ne seraient-ils pas les derniers des benêts pour avoir laissé autant de traces derrières eux ?“.

L’ultracrépidarianisme, carburant du complotisme

L’ignorance de son ignorance et la focalisation sur sa propre connaissance, aussi rabougrie soit-elle (et surtout lorsqu’elle l’est), se nomme “ultracrépidarianisme”. Le terme a été popularisé par le physicien et philosophe des sciences Etienne Klein durant la crise du Covid 19 et il peut être rapproché du biais cognitif qui fut étudié à la fin du XXe siècle par les psychologues américains David Dunning et Justin Kruger sous le nom d’effet Dunning-Kruger, et qu’Etienne Klein résume en ces termes : “Il faut être compétent pour se rendre compte que l’on est incompétent“.

Discours sur l’ultracrépidarianisme, par le physicien et philosophe des sciences Etienne Klein.

On représente souvent ce biais cognitif par une courbe satirique illustrant justement l’ignorance de sa propre ignorance au niveau d’un premier maximum nommé “montagne de la stupidité”, qui précède une dépression nommée “vallée de l’humilité”.

Courbe satirique illustrant l’effet Dunning-Kruger.

Dès lors, on comprend bien comment l’ultracrépidarianisme est susceptible de nourrir le discours complotiste, par un double processus d’auto-surévaluation de sa propre sagacité et de sous-estimation de la parole des experts.

Mais quelle est l’origine de ce phénomène qui, en plus de produire des propos incohérents, prive leurs auteurs de l’esprit critique minimal qui leur permettrait de rendre leur contestation audible et crédible auprès de ces mêmes experts qu’ils critiquent et ignorent ? Ce phénomène qui produit du reste tout aussi bien des gourous complotistes tels que Sylvano Trotta sur YouTube que des animateurs indigents se prenant pour d’éminents intellectuels tels que Pascal Praud ou Cyril Hanouna sur les chaînes de télévision du milliardaire d’extrême droite Vincent Bolloré ?

Les médias sociaux et les effets de consolidation des croyances que génèrent les bulles de filtre y ont probablement une responsabilité. La polarisation de la société entre “sachants privilégiés” et “non-sachants exclus” également. L’école, de son côté, devrait peut-être interroger la manière dont elle éduque à la conscience, non seulement de sa connaissance, mais également à celle de son ignorance. Quoi qu’il en soit, il semblerait que depuis peu, jamais autant d’incompétents ne se soient exprimés avec tant d’assurance sur des sujets qu’ils ne maîtrisaient pas. De quoi valider plus qu’ils ne l’avaient sans doute imaginé la théorie de Duning et Kruger.

Le fin mot de l’histoire

Pour en revenir au texte d’Olivier Cabanel, force est de constater que l’origine du Covid n’est pas claire. Il peut provenir d’une chauve-souris, de la promiscuité et de la mondialisation excessive des échanges, d’un laboratoire d’expérimentation biologique chinois, etc. Comme le titrait récemment le media Heidi.news, le mieux serait d’accepter que nous ne le saurons probablement jamais. Parce qu’il est impossible de tout savoir, parce que les enjeux sont tels que toute hypothèse plausible sera longtemps encore remise en question instantanément, et parce qu’il est sain de savoir reconnaître simplement son ignorance.

Si l’hypothèse de la fuite de laboratoire devait être avérée, il est certes assez évident que la Chine ne souhaiterait pas endosser la responsabilité de cette catastrophe mondiale. Mais même dans ce cas, il n’est pas nécessaire d’invoquer un quelconque complot, qui plus est mêlant l’OMS, les médias, Bill Gates et qui sais-je encore. Qui connaît un minimum la Chine et la manière dont, simplement, le monde fonctionne, ne peut pas imaginer qu’une entreprise telle que celles qui sont citées dans l’article d’Olivier Cabanel serait allée organiser une fuite de virus au beau milieu de la deuxième puissance mondiale. C’est grotesque et, s’il en fallait encore une, c’est la preuve que l’ultracrépidarianisme (et l’ignorance de l’ignorance) nourrit bel et bien les théories complotistes les plus absurdes.

Illustration du concept d’ultracrépidarianisme : avec les yeux bandés, chaque personnage perçoit autre chose de l’éléphant et s’exprime totalement à côté de la réalité.

 

A nos ami·es lecteurs et lectrices

La question du complotisme, parce qu’elle fait référence à des questions socialement vives qui nourrissent des clivages désormais profonds dans notre société, a tendance à susciter facilement des réactions épidermiques. Les textes sur le sujet publiés sur ce blog constituent certes une tentative argumentée de tracer une ligne rouge entre un discours crédible et un argumentaire inacceptable, mais ils tentent surtout d’expliciter les rouages et les fondements du phénomène. Les idées présentées ici sont issues de réflexions personnelles nourries par la littérature académique mais, bien entendu, chacun·e est invité·e à les commenter et à les critiquer. L’espace de commentaires de cet article est prévu pour cela. Toutefois, afin de préserver un dialogue constructif et des échanges sereins, nous précisons d’emblée qu’aucun commentaire agressif, irrespectueux ou contraire aux règles de la bienséance ne sera validé lors du processus de modération. Ce blog n’étant pas un réceptacle à théories du complot farfelues, les commentaires qui en font état plutôt que de contribuer à la réflexion sur le phénomène ne seront pas validés. Nous vous demandons également de bien vouloir éviter les commentaires anonymes ; nous nous réservons le droit de bloquer tout propos rédigé sous pseudo ou avec une fausse adresse e-mail.

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