La Suisse et le monde

Macron président: et si la France s’inspirait de la Suisse?

Une élection magistrale, qui a mis en échec les deux forces qui depuis 60 ans structuraient la vie politique française, la gauche et la droite. Mais aussi une élection qui reste un formidable pari sur l’avenir. Deux tiers des voix, certes. Mais dont les deux tiers ont eu pour motivation de contrer Marine Le Pen, bien plus que de soutenir un programme présidentiel. Et si on additionne les voix de Le Pen, les abstentionnistes, les bulletins blancs et une partie des mélenchonistes, c’est plus de la moitié de l’électorat qui se méfie grandement de l’élu de ce dimanche, sis particulièrement dans les milieux populaires. Pas de quoi pavoiser.

Réconcilier ces forces politiques si divisées, apaiser cette colère et ce sentiment de déclin si répandus, réduire cette “fracture sociale” dénoncée voici des années déjà (ce fut le slogan de Jacques Chirac, malheureusement sans aucune suite connue ni visible dans la vie réelle), tout cela ne sera possible qu’autour d’une réconciliation des territoires et des catégories en perte de vitesse et en souffrance, par un projet inclusif et intégrateur. Faute de cela le mandat même pas encore commencé ne pourra pas contenir l’explosion politique et sociale – tout le contraire de ce qu’il souhaite incarner. Macron? un peu la dernière chance des valeurs humanistes et républicaines en France, un répit inespéré pour l’Europe, un espoir immense qui ne doit pas être déçu.

Et si la France pour relever ce défi historique, amorcer sa renaissance, voulait apprendre un peu de son petit voisin la Suisse?

Mais au moment même où j’énonce ces points, je me rappelle qu’en Suisse ils ne sont nullement des acquis intangibles. Le dialogue social est à la peine, la lente élaboration de solides consensus politiques battue en brèche par une UDC qui fait feu de tout bois et le goût de la mise en scène individualiste, la démocratie directe plus qu’à son tour perturbée par le poids des lobbies dont l’intervention n’est soumise à aucune règle. Il n’en reste pas moins que cet effort constant de respecter l’autre, de tenir compte de ses besoins et de la recherche d’une sortie “par le haut” nous a permis de survivre unis dans la diversité. Cet effort est tout simplement le coeur vivant de la démocratie, la condition de sa réussite, au-delà des parodies d’incertaines et temporaires cohabitations. Cette recette n’est ni suisse ni française – elle est universelle. Et si la France devait s’en inspirer, nous pourrons alors à notre tour nous inspirer d’elle, si notre volonté de vivre ensemble et d’assurer l’égalité de chances des personnes et des territoires, par l’éducation, la péréquation, le soutien aux régions périphériques et une volonté judicieuse de promotion de l’économie locale, devait flancher…

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