La vie autrement

Du négateur-irresponsable au méditant-militant

L’érosion de la biodiversité s’amplifie. Le dernier rapport de Planète Vivante du WWF nous apprenait le mois dernier une chute de 68% des vertébrés entre 1970 et 2016. Si la destruction des écosystèmes à des fins agricoles demeure la principale cause du déclin de la biodiversité, le réchauffement climatique ne fait qu’aggraver cet effondrement. Avec des conséquences désastreuses, notamment sur la sécurité alimentaire mais aussi sur l’émergence de nouvelles pandémies. Totalement chamboulés, les écosystèmes ne sont plus en mesure de limiter naturellement le transfert de maladies des animaux aux humains.

Face à de tels phénomènes, trois profils émergent. Il y a d’abord celui du négateur-irresponsable. Donald Trump en un l’un des plus navrants représentants. En déplacement le 14 septembre dernier dans une Californie ravagée par les incendies, il déclarait à propos du réchauffement climatique : «Ça finira par se refroidir». Mais le président des États-Unis n’a pas le monopole de l’aveuglement. En Suisse, le mépris affiché par certains parlementaires UDC face aux manifestants non violents pour le climat, qui occupaient pacifiquement la Place fédérale le 21 septembre dernier, en dit long sur le degré d’inconscience d’une bonne partie de la classe politique. Laquelle ne réalise toujours pas les dangers qui menacent gravement l’humanité.

Le deuxième profil est celui du jouisseur-ravageur. Puisque tout est fichu, pense-t-il­­ sans vraiment se l’avouer, autant en profiter, brûler les dernières cartouches d’une vie insouciante, consommer et gaspiller sans retenue. Égocentrique à souhait, il sera le premier à vitupérer contre le port du masque « obligatoire » qui lui confisque sa « liberté », sans se rendre compte qu’il est en permanence l’esclave de son smartphone qui le déconnecte du vivant et du regard de l’autre.

Le troisième profil est celui du méditant-militant. Ce dernier réalise qu’aucune transition écologique et solidaire ne sera possible sans une transition intérieure. Pour répondre à la violence d’un ancien monde qui, affolé, se débat comme une bête traquée, il doit commencer par faire le ménage de ses propres violences. Pour être vrai et crédible. Le méditant-militant n’est pas un donneur de leçons. Il agit, au quotidien, dans les quartiers et villes en transition, les coopératives, les associations, les entreprises. Il expérimente les circuits courts de produits biologiques, la production d’énergie citoyenne, le revenu de transition écologique, etc. Autant de laboratoires d’un monde où économie, écologie et solidarité tissent une nouvelle alliance. (Publié dans l’Écho Magazine de mercredi 7 octobre 2020)

 

 

 

 

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