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Mònica Serlavós : « L’énergie citoyenne, un levier pour une société autonome et durable »

Directrice de la fondation suisse Zoein, Mònica Serlavós copréside la toute nouvelle Association suisse pour l’énergie citoyenne. Son objectif : encourager les citoyens à s’approprier la production et la consommation de leurs énergies.

Propos recueillis par Philippe Le Bé

L’énergie citoyenne s’organise et prend un nouvel essor en Suisse. Production autonome d’énergie décentralisée, participative et collective, elle a désormais son organe faîtier qui mutualise les forces de ses différents membres : l’Association suisse pour l’énergie citoyenne (ASEC). Docteure en sciences de l’environnement de l’Université de Lausanne (UNIL), Mònica Serlavós qui copréside l’ASEC avec Jean-Marc Comment, a réalisé sa thèse de doctorat sur cette forme originale de contribution citoyenne à la transition énergétique en Suisse romande. Directrice de la fondation suisse Zoein, elle précise à La Pensée écologique les enjeux de l’énergie citoyenne qui a pris racine il y a un demi-siècle, notamment au Danemark et en Allemagne.

Quels sont les pionniers de l’énergie citoyenne en Europe ?

En Suisse, quels ont été les événements de nature à encourager les initiatives d’énergie citoyenne ?

Combien d’initiatives d’énergie citoyenne avez-vous recensées en Suisse romande ?

Pourquoi avoir créé l’ASEC ?

Quelles sont les principales difficultés à surmonter quand on lance une initiative d’énergie citoyenne ?

Dans votre recherche-action en Suisse romande, vous distinguez clairement les associations ou coopératives des initiatives communales. Quel est le modèle dominant ?

Quelques exemples de coopératives ?

Il s’agit principalement d’installations solaires photovoltaïques ?

Précisément, les initiatives communales ne sont-elles pas plus faciles et avantageuses économiquement que celles portées par des coopératives ?

Quel est le profil des personnes concernées selon les deux modèles ?

L’énergie citoyenne serai-elle plutôt réservée aux écolo-bobos ?

Le modèle communal peut-il favoriser le développement du modèle coopératif ou associatif ?

Dans votre thèse, vous écrivez que l’énergie citoyenne peut être un vecteur de transformation de l’économie sociale et solidaire (ESS). De quelle manière ?

Vous citez le politicien et syndicaliste suisse Rudolf Rechsteiner qui affirme que les pays pionniers ne sont pas ceux avec le meilleur ensoleillement et les vents les plus forts, mais ceux où les énergies fossiles et nucléaires ont perdu leur majorité politique. Concernant l’énergie citoyenne en Suisse, quel est le soutien du monde politique ?

L’énergie citoyenne est-elle un levier pour une société autonome et durable ?

Après la première journée de l’énergie citoyenne en décembre 2018 durant laquelle a germé l’idée de fonder l’ASEC, la deuxième journée de l’énergie citoyenne se déroulera en ligne le 21 novembre 2020.

 

 

Les repères de l’énergie citoyenne

Selon l’Association suisse pour l’énergie citoyenne (ASEC), un projet d’énergie citoyenne doit répondre aux critères suivants :

  1. Ancrage local
    La création de circuits, les plus courts et directs possible, sont visés entre producteurs et consommateurs pour rendre visible le lien entre besoins et moyens de production. Les personnes physiques ou morales porteuses du projet sont représentées géographiquement proches du lieu de réalisation.
  2. Autonomie et indépendance
    Chaque projet est autonome juridiquement et organise sa propre gouvernance.
  3. Gouvernance participative et démocratique
    Le fonctionnement du projet et de ses partenaires est démocratique et de type participatif (associatif ou coopératif). La gouvernance choisie doit permettre la participation active des membres aux décisions internes et la transparence totale sur les aspects financiers.
  4. Protection de l’environnement et du vivant
    Le projet et ses partenaires s’engagent durablement et volontairement dans le respect et la protection de l’environnement et du vivant.
  5. Utilisation sobre des ressources
    Le projet réalise des études de planification préalables à l’implantation du projet incluant une utilisation sobre des ressources, même renouvelables, qui sont limitées.
  6. Finalité non spéculative et lucrativité limitée
    Les investissements sont réalisés pour être exploités (et non pour être revendus), et la rémunération du capital est strictement encadrée. Une partie des bénéfices est affectée à la sensibilisation publique.
  7. Sources de financement
    Les sources de financement proviennent de partenaires dont les activités et la philosophie sont compatibles aux valeurs de cette charte.
  8. Cohérence dans les partenariats
    Les personnes physiques et morales porteuses des projets recourent à des partenaires dont les activités et la philosophie sont compatibles aux valeurs de cette charte.
  9. Mutualisation
    Tous les projets se créent de manière collective et favorisent la mutualisation des ressources et des compétences. Les acquis d’expérience et les connaissances sont partagés. Une partie des bénéfices est affectée à la sensibilisation publique.

 

 

En Suisse, les énergies renouvelables alimentent les trois quarts de l’électricité

Selon l’Office fédéral de l’énergie (OFEN), En 2019, les énergies renouvelables représentaient en 2019 environ 75% de la consommation finale d’électricité en Suisse (74% en 2018), à raison de 66% pour la grande hydraulique et de 8,4% environ pour le photovoltaïque, l’énergie éolienne, la petite hydraulique et la biomasse, selon le rapport de l’OFEN. Comme l’année précédente, cette électricité a été produite à 76% en Suisse.

La part des nouvelles énergies renouvelables (énergie solaire, éolienne, biomasse et petite hydraulique) continue d’augmenter: elle est passée de 7,85% en 2018 à 8,4% en 2019.

L’électricité fournie en 2019 a été produite à 19,1% dans des centrales nucléaires (17,3% en 2018). L’énergie d’origine nucléaire fournie provenait presque exclusivement de Suisse.

Environ 95% de cette électricité a été produite en Suisse et a bénéficié, à hauteur des trois quarts, d’un encouragement par le système de rétribution de l’injection axé sur les coûts (SRI). Une faible part de l’électricité fournie en 2019 provenait d’agents énergétiques fossiles (2% contre 1,7% en 2018).

L’électricité produite en Suisse est issue à 56,4% de la force hydraulique, à 35,2% de l’énergie nucléaire, à 2,6% des énergies fossiles et à 6% de nouvelles énergies renouvelables. (ATS)

 

 Dossier réalisé pour la Pensée écologique

 

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