La vie autrement

Réincarnation

La réincarnation. Le thème fait rarement l’objet de débat. Mais quand il arrive sur le tapis, s’envolent les mitres et pleuvent les coups de crosse. Car pour les Églises chrétiennes, notamment l’Église catholique, l’idée qu’une âme puisse quitter notre corps physique quand nous mourons pour ensuite venir habiter un autre corps après une nouvelle naissance est inconciliable avec la foi chrétienne. Pour la bonne raison que la libération de l’homme, pécheur racheté, est l’œuvre du Christ que nous sommes invités à accueillir et qui nous a sauvés une fois pour toutes. Donc nous n’aurions pas à nous sauver nous-mêmes par nos propres forces et performances. Un sondage réalisé en Suisse et publié le 24 mars 2016 dans  L’Hebdo révélait cependant que 67,5% des personnes interrogées se disant catholiques considéraient que le fait d’être chrétien n’était pas incompatible avec la croyance en la réincarnation. Elles étaient même 28,8% à y croire elles-mêmes.

Contentons-nous, en cette période estivale peu propice à la polémique, de nous demander quels seraient les avantages et a contrario les risques de croire en la réincarnation. Pour mieux saisir ce qu’elle peut signifier pour un Occidental, prenons l’image du théâtre: un jour  je suis Tartuffe, un autre jour la Mégère apprivoisée, un autre encore Le Cid. Je suis toujours moi-même tout étant à chaque fois un personnage différent dans une nouvelle tranche de vie. Par ailleurs, à l’idée de réincarnation est toujours liée celle de la loi des causes et des conséquences. Récoltant ce que j’ai semé, je peux toujours corriger mes erreurs, mon intuition profonde m’indiquant ce que ma mémoire a oublié. L’objectif est toujours de progresser et de m’approcher le plus possible de Dieu qui est Amour. «Soyez donc parfait comme votre Père céleste est parfait», nous enseigne Jésus. Plusieurs expériences terrestres seraient donc nécessaires pour évoluer vers un plus être.

Le risque, ce serait de s’endormir dans la procrastination. Bonjour la paresse! Pire, ce serait considérer son prochain misérable et malheureux comme étant responsable de ses actes vécus dans des vies précédentes. Bonjour la compassion!  Mais il y a peut-être un moyen de concilier partisans et adversaires de la réincarnation. Notre vie se déroule en effet dans un espace-temps limité, avec un passé, un présent et un futur. Et si cet espace-temps, «cette bouillie d’où nous émergeons», comme le qualifiait Albert Einstein, était finalement une illusion? Dès lors, la seule chose qui compterait dans notre existence terrestre serait de vivre pleinement l’instant présent. Ici et maintenant. (Publié dans L’Écho Magazine du 5 août 2020)

 

Quitter la version mobile