La vie autrement

Le temps des cathédrales face au temps d’un quinquennat

Mardi 16 avril à 20 heures, Emmanuel Macron annonçait  qu’il souhaitait que la restauration de Notre-Dame de Paris “soit achevée d’ici cinq années”. Juste avant les JO de Paris, a-t-on observé. Quelques heures plus tôt, de nombreux experts s’étaient montrés beaucoup plus pessimistes. Voire plus réalistes. “Cela risque de prendre des décennies, car il faut faire appel à beaucoup de corps de métiers spécialisés, comme des sculpteurs ou des architectes spécialistes, estimait notamment Grégory Teillet, spécialiste de l’architecture médiévale et chargé du mécénat au ministère de la Culture. Le directeur de la Fondation de l’Oeuvre Notre-Dame, qui recueille les dons pour l’entretien et la restauration de la cathédrale de Strasbourg, parlait quant à lui de“décennies”.

Assurément, le temps des cathédrales n’est pas celui du quinquennat présidentiel. Le choix des matériaux pour la reconstruction de la charpente entièrement détruite sera notamment déterminant. Celle-ci, qualifiée de forêt en raison du grand nombre de poutres qu’il a fallu utiliser pour la mettre en place, est composée de chênes. Chaque poutre provenant d’un arbre différent. Les dimensions de cette charpente donnent le vertige: plus de 100 mètres de longueur, 13 mètres de largeur dans la nef, 40 mètres dans le transept et 10 mètres de hauteur.

Le grand risque, en voulant faire trop vite, serait de préférer le métal et le béton, comme on a pu le suggérer, au bois vivant, de laisser s’installer une sorte de « production industrielle », en lieu et place d’une « production artisanale ».

Notre-dame, rosace du monde

Comme le décrit si bien Jean Phaure dans le film «Notre-Dame de Paris, rosace du monde », diffusé en 1978 sur FR3 (https://www.youtube.com/watch?v=txhDQmTCRvI), «les cathédrales du Moyen Age comme toute architecture sacrée ont pour but de manifester sur Terre la correspondance avec le Ciel, selon des proportions, des nombres et des symboles universels. C’est le Ciel, source non humaine de toute création, qui est le générateur des formes où vient se couler la matière».

Faisons donc le vœu que la sagesse l’emporte sur la précipitation et que la haute qualification spirituelle des compagnons constructeurs du rite de Salomon, héritiers des bâtisseurs du Moyen Age, soit le phare de la restauration de Notre-Dame.

«Grâce à la savante restauration de Viollet-le-Duc et de ses compagnons, souligne encore Jean Phaure, Notre-Dame aujourd’hui continue sa navigation mystique et remonte vers l’Orient, vers les origines, au fil de l’eau comme au fil du temps». Que les restaurateurs du 21ème siècle, s’inspirant de la tradition avec l’aide des technologies modernes, soient fidèles à leurs prédécesseurs!

 

 

 

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