La vie autrement

Réenchanter un monde qui s’effondre

Les chercheurs membres du conseil scientifique de Zoein s’engagent pour le climat et la biodiversité. Résolument.

Une sixième extinction animale de masse en cours, un climat qui perd la boussole, un fossé qui se creuse entre riches et pauvres, un populisme de droite ou de gauche qui fait tache d’huile: il y a franchement de quoi désespérer. Pourtant, les treize chercheurs que nous avons rencontrés, tous membres du comité scientifique de la fondation suisse Zoein, se refusent à baisser les bras. Leurs témoignages dont nous présentons ici quelques extraits viennent d’être publiés dans la revue en ligne La pensée écologique, dirigée par Dominique Bourg, professeur ordinaire à l’UNIL (https://lapenseeecologique.com).

«Il est encore temps d’éviter l’irréparable», lance la climatologue Marie-Antoinette Mélières. Mais à condition, ajoute Jacques Dubochet, prix Nobel de chimie et à l’avant-garde des marches pour le climat, qu’on y mette les moyens. Et que l’on se décide à «lutter pour le climat comme le monde a lutté contre les nazis». Finalement, «systèmes économique et juridique, modes de vie, tout est à repenser», constate Dominique Bourg qui préconise, dans un premier temps, d’importants investissements pour décarboner, passer à une économie circulaire, isoler les bâtiments, etc. Avant d’entrer dans une société plus sobre, «un nouveau paradigme dominé non pas par la technologie mais le vivant». Inventer «un futur différent», c’est aussi la vision du climatologue Hervé Le Treut qui affirme que «les acteurs publics et privés doivent imaginer des solutions durables qui touchent tous les domaines, du transport à l’agriculture en passant par l’éducation».

Apprendre à vivre autrement

Se reconnecter au vivant, c’est la seule issue possible aux yeux de ces chercheurs. Cela passe par «une reconnaissance des droits de la nature  et du crime d’écocide», comme le plaide avec fougue la juriste internationale Valérie Cabanes. Cela passe encore par la création de nouvelles monnaies créant du lien, comme le défend Jean-Michel Servet, professeur honoraire à l’Institut de hautes études internationales et du développement. Cela passe enfin par l’impérieuse sauvegarde des forêts de la planète, en aidant financièrement les paysans à protéger les écosystèmes et à planter des arbres, grâce une redevance écologique. Une idée défendue à la fois par Ernst Zürcher, expert en agroforesterie et l’économiste Alain Karsenty. En guise de conclusion, le regard du maître d’enseignement et de recherche à l’UNIL Gérald Hess résume l’état d’esprit de Zoein: «Plutôt que de nous suicider dans un monde qui n’aurait aucun sens, apprenons à vivre autrement dans un monde à qui nous donnons du sens».

 

 

 

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