L’inquiétude des quelque 900 collaborateurs du site de Syngenta à Monthey est légitime. L’arrêt des activités du secteur de formulation et de conditionnement qui entraîne la suppression de 116 emplois est pour eux une situation traumatisante. Mais cela ne doit pas nous empêcher de nous interroger sur le bienfondé des activités du groupe chimique bâlois.
Les ravages du paraquat.
Environ un quart du marché mondial de pesticides provient de Syngenta. Le groupe produit notamment le paraquat, l’un des herbicides les plus utilisés dans le monde. Très toxique, son usage est interdit dans les pays de l’Union européenne depuis juillet 2007 et aussi en Suisse. Dans les pays du Sud, en revanche, le paraquat continuer à faire des ravages, entraînant des milliers de cas d’empoisonnement par année selon la Déclaration de Berne. L’ONG nicaraguayenne Fundacion Nica Global estime par ailleurs que le paraquat serait l’une des origines d’une épidémie d’insuffisance rénale chronique touchant plus de 2500 personnes employées dans des plantations de canne à sucre.
Biodiversité en grand danger.
Concernant les pesticides en général, 5% des substances toxiques toxiques pulvérisées restent sur la plante, 10% vont dans l’air et 85% dans le sol. Comme le relève le dernier numéro de pronatura magazine, c’est surtout la pollution du sol et des eaux par les pesicides qui menace gravement la biodiversité.
Le plateau suisse pollué.
Depuis des années, les valeurs limites des pesticides dans les cours d’eau du plateau suisse sont régulièrement dépassées. L’Eawag, institut de recherche sur l’eau à Dübendorf (ZH), constate dans une récente étude que 31 pesticides dépassent la valeur limite de l’ordonnance sur la protection des eaux dans cinq rivières analysées, dont la Mentue qui se jette dans le lac de Neuchâtel. Les concentrations sont parfois plus de dix fois supérieures à la limite!
La voie de l’agriculture biologique.
La révision en cours de l’ordonnance sur la protection des eaux permettra-t-elle de limiter drastiquement l’utilisation des pesticides ? Il est permis d’en douter. Une généralisation de l’agriculture biologique et biodynamique est plus que jamais souhaitable. Non seulement en Suisse mais ailleurs dans le monde, notamment dans les pays où les groupes agrochiniques profitent d’une législation encore plus laxiste qu’en Europe.
