La réputation d’Index Ventures n’est plus à faire. Comme tous les protagonistes de premier ordre dans le monde du capital risque, ils publient régulièrement des articles dont la portée dépasse la simple annonce d’investissement (le guide sur les plans de participation des employés de startups est une référence, une excellente comparaison entre les pratique états-uniennes et européennes).
Récemment, un de leurs associés Mike Volpi prenait son clavier pour discuter de la différence d’approches entre l’innovation et l’optimisation, deux pierres angulaires qui selon lui ont façonné la Silicon Valley.
Avec la professionnalisation du monde des startups, le monde de l’entrepreneuriat est plus structuré et mieux planifié. Au fil des années, de crises en succès, de leçons en expériences, les pratiques qui ont fait leurs preuves se sont répandues et ont été appliquées avec minutie. La manière de gérer une entreprise passe désormais sensiblement plus par l’optimisation de métriques, ce qui est logique et attendu de la part des sociétés à succès.
“Chaque CEO voudrait avoir les deux [l’innovation et l’optimisation] mais, en pratique, ce sont des forces contraires. La poursuite de l’optimisation d’une entreprise peut aspirer la créativité et l’innovation. La recherche aveugle de l’innovation peut conduire à la faillite d’une entreprise en laissant derrière elle une foule de projets créatifs mais à moitié achevés.“
Innovation
Selon Volpi, l’innovation réalise pleinement son potentiel lorsque plusieurs ingrédients sont présents:
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- la culture du risque: l’innovation implique d’essayer des idées et projets dont la réussite n’est pas garantie. “L’innovation et l’échec sont les deux faces de la même pièce.” A cause de l’asymétrie risque-récompense disproportionnée dans le monde de la tech, une prise de risques assez conséquente est nécessaire pour assurer un retour sur investissement suffisant.
- En parallèle, mettre en place et favoriser les récompenses pour la prise de risque. Un projet innovant capote? Il faut soutenir ceux qui l’ont lancé et mené car c’est en apprenant de ses erreurs que l’on construit son expérience (on se remémore les adages du style “fail forward” qui sont légion).
- Une chronologie adaptée: les fruits de l’innovation ne se récoltent pas le lendemain après avoir planté les graines; toutefois, il faut être vigilant à ne pas laisser traîner des projets indéfiniment. “Après tout, l’innovation ne prend vie que lorsqu’elle rencontre un client.“
Optimisation
“Dans un monde des affaires de plus en plus axé sur les données, l’optimisation est devenue un processus essentiel pour créer de la valeur pour les actionnaires. […] Si vous pouvez mesurer quelque chose, vous pouvez l’améliorer et progressivement mieux gérer l’entreprise. L’excellence opérationnelle est clairement une vertu et elle doit être encouragée.” Entrepreneurs, prenez-en bonne note!
Cependant, dans toute logique de tracking de métriques, il est primordial de suivre l’évolution des bonnes valeurs et de pouvoir les mesurer objectivement. Sinon, on peut aisément être induit en erreur et ne pas corriger ce qui devrait l’être.
Alors comment mesurer l’innovation, par un nombre de lignes de codes? par l’adhésion à des plans d’action? via le sentiment de cohésion dans l’équipe? La tâche est ardue. “Il est clair que vous pouvez identifier l’innovation a posteriori, mais pendant qu’elle se produit, c’est beaucoup plus difficile.” souligne-t-il.
Le bon mix
Volpi renchérit: “Le défi sous-jacent est assez évident. Les entreprises doivent optimiser leurs opérations, mais le faire en excès peut en fait étouffer l’innovation et potentiellement nuire aux perspectives à long terme de l’entreprise.”
A chaque organisation une façon d’innover qui dépend de sa culture, de son marché, de sa technologie. Volpi souligne la différentiation nécessaire pour éviter d’imposer une unique manière d’innover mais il est partisan d’une innovation institutionnalisée qui est créatrice de valeur (lire à ce titre l’ouvrage d’O’Connor, Corbett et Peters sur la corporate innovation).
Relevant que “la nécessité d’une excellence et d’une optimisation opérationnelles“, il conclut: “à l’extrême, l’optimisation et l’innovation se juxtaposent et les dirigeants modernes doivent veiller à ne pas entraver le moteur d’innovation de leur entreprise par l’imposition excessive de mécanismes d’optimisation.“