Kenel de Requin

Deux erreurs tactiques et stratégiques des opposants à l’Accord institutionnel Suisse-UE

Les opposants à l’Accord institutionnel Suisse-UE (ci-après : l’Accord institutionnel) font deux erreurs l’une stratégique et, l’autre, tactique.

Tout d’abord, au niveau de la stratégie, ils font exactement la même erreur que celle faite par les milieux bancaires dans les années 2009 à 2011. Le parallélisme est intéressant. Tout d’abord, ils vivent avec des dogmes qu’on appelle aujourd’hui, parce que cela fait plus fin négociateur, des lignes rouges qui les empêchent de voir ce qui se passe dans la réalité. Hier, il s’agissait du secret bancaire, aujourd’hui il s’agit des « juges étrangers » et du fameux délai d’annonce de huit jours. En second lieu, il s’agit d’une incapacité à écouter ce que dit la Commission européenne. Depuis la fin des années 90, celle-ci répétait urbi et orbi que son objectif était l’échange automatique d’informations. Ni le Conseil fédéral, ni les associations faîtières des milieux bancaires n’étaient capables de l’entendre. A tel point, que durant longtemps, les représentants de ces associations ne prononçaient même pas ce mot. De même, depuis de nombreuses années, les instances européennes n’ont de cesse de répéter qu’elles veulent un traité encadrant les accords existants actuellement. Or, du côté du Conseil fédéral et de certains partis, on prend ces déclarations à la légère en pensant que le temps jouera en faveur de la Suisse. Enfin, alors qu’au début de l’année 2010 je prônais qu’il fallait négocier l’abandon du secret bancaire en échange de la libre circulation des services financiers, les milieux bancaires et le Conseil fédéral ont préféré s’enferrer dans le projet Rubik. Le résultat des courses est que la Suisse a renoncé au secret bancaire, a adopté l’échange automatique d’informations et n’a strictement rien reçu en contrepartie. Il en ira de même avec l’Accord institutionnel. Plus la Suisse va attendre pour le conclure, moins il lui sera favorable. On constate d’ailleurs déjà que plus les négociations durent, plus la Commission européenne a de nouvelles exigences, sans même parler du fait qu’aucun nouvel accord avantageux à la Suisse ne peut se conclure. L’expérience enseigne que lorsque la conclusion d’un accord est nécessaire, plus on attend moins les conditions sont favorables. Malheureusement, certains membres du Conseil fédéral et certains partis politiques ne semblent pas vouloir le comprendre, voire l’entendre.

Sur le plan tactique cette fois, les opposants à l’Accord institutionnel ont misé il y a quelques mois sur le fait que le secrétaire d’Etat Roberto Balzaretti allait monter au front pour défendre l’accord qu’il avait négocié et qu’il échouerait dans sa campagne. Or, c’est exactement le contraire qui est en train de se produire. Alors qu’ils pensaient que Roberto Balzaretti allait se casser les dents, il est en train de réussir grâce à son engagement, à sa force de travail et à son pouvoir de conviction à convaincre de nombreuses personnes que l’accord qu’il a négocié avec la Commission européenne est bon. Il suffit d’écouter les gens à la sortie des nombreuses conférences données par notre secrétaire d’Etat. Prenant conscience de leur erreur, les opposants sont en train de mener une lamentable campagne dirigée personnellement contre lui. Le dernier en date a été Paul Rechsteiner. Pour paraphraser ce que Michel Platini avait dit dans un autre contexte, ils n’ont pas compris que Roberto Balzaretti n’est pas un plan B. L’erreur qu’ils ont faite est la même que celle que commettent parfois certains coureurs cyclistes en laissant s’échapper un coureur du peloton qu’ils sous-estiment sans être en mesure de le rattraper avant la ligne d’arrivée. Aujourd’hui, on a l’impression que les opposants à l’Accord institutionnel ont compris qu’ils n’arriveraient plus à rattraper Roberto Balzaretti par des moyens loyaux et qu’ils semblent considérer que le seul moyen pour le rattraper est de lui tirer dans les pneus !

En conclusion, ne refaisons pas aujourd’hui la même erreur que les milieux bancaires à l’époque et n’ayons de cesse de soutenir Roberto Balzaretti dans sa campagne d’information sur l’Accord institutionnel.

 

 

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