Kenel de Requin

Mais où donc est passée la libre circulation des services financiers?

En qualité de social démocrate de droite, je suis parfois en accord, parfois en désaccord, avec Christian Levrat. Dans le Matin Dimanche d’hier, Christian Levrat se réfère à une discussion que nous avons eue à la rue Solferino à Paris le dimanche 6 mai 2012, date de l’élection du Président François Hollande. À cette occasion, nous avons constaté que nous étions entièrement d’accord sur le fait que la Suisse devait négocier le plus rapidement possible le passage à l’échange automatique avec l’Union européenne en obtenant, en contrepartie, la libre circulation des services financiers. Depuis 2009, je ne cesse de dire et écrire qu’il est urgent que la Suisse entame cette négociation en essayant d’obtenir, pourquoi pas, durant une période transitoire, le système de l’impôt libératoire. Cette manière de faire aurait le mérite de permettre de régler également le sort de l’argent existant. Cette stratégie repose notamment sur le fait que, contrairement au Luxembourg et à l’Autriche, le talon d’Achille de la Suisse est de ne pas bénéficier de la libre circulation des services financiers avec l’Union européenne, ce que réclament à cor et à cri tous les acteurs du service financier.

Or, quelle a été ma surprise en lisant les réactions des conseillers fédéraux et du président de l’Association suisse des banquiers dans la presse dominicale ? Plus personne ne parle de libre circulation des services financiers…

Au lieu de prendre le taureau par les cornes, d’oser déclarer enfin que c’est l’ultime moment d’adopter la stratégie que j’ai décrite ci-dessus, le monde politique et bancaire dispense les fausses vérités suivantes :

En revanche, il est important, comme le souligne à juste titre l’Autriche, que les réformes en cours ne privilégient pas le système anglo-saxon par rapport au système continental. Certains Etats continentaux connaissant le secret bancaire ont appliqué durant de nombreuses années le système « nous savons tout, mais nous ne disons rien ». Les banques connaissaient le bénéficiaire économique des comptes mais refusaient d’en divulguer le nom. Un certain nombre d’Etats anglo-saxons appliquaient et appliquent encore aujourd’hui la maxime « nous disons tout, mais nous ne savons rien ». En effet, les banques de nombreux Etats anglo-saxons ne connaissent pas le nom du bénéficiaire économique d’un trust. À l’heure où le système de la transparence s’impose, il est impératif que ces deux systèmes soient traités de manière égale. Autant il ne devra plus être possible de ne rien dire, autant il ne devra plus être admissible de ne rien savoir !

Le monde politique et bancaire doit faire face à la réalité, ouvrir les négociations qui s’imposent avec l’Union européenne et ne pas faire la politique de l’autruche. M. Levrat, en l’occurrence, je suis d’accord avec vous !

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