Nédjmeddine Bendimerad est né à Tlemcen (Algérie) en 1964. Il y étudie la médecine de 1986 à 1993,et se spécialise en psychiatrie en Suisse. Parallèlement, il dessine depuis les années 90. actuellement ses caricatures sont également publiées dans le Bulletin des Médecins Suisses. Il est marié et père de trois adolescents.
Une réponse à “Prendre de la valeur!”
Les personnes âgées sont progressivement écartées de la vie sociale, les projets d’aménagements des villes favorisent la mobilité douce qui file sur les trottoirs, mais ne se soucie pas trop de la mobilité fragile et lente à trois points d’appui. Quant aux valeurs des esprits anciens, elles sont souvent citées par les associations d’aide aux seniors, ou offertes comme des bonbons aux résidents des EMS par le personnel qui transmet sa joie de vivre en ouvrant les rideaux le matin : « Il fait beau, tout va bien !.. »
Votre dessin fera rire les plus jeunes qui ont besoin de découvrir et faire reconnaître leurs nouvelles valeurs, quitte à rejeter les anciennes dont ils sauront ensuite récupérer les meilleures. Souvent j’ai eu l’occasion d’écouter les 16 à 20 ans qui, après m’avoir demandé une cigarette, me parlent chaque fois de leurs parents et grands-parents, pour eux c’est le « vieux temps », et j’ose alors évoquer moi aussi mes souvenirs bien plus lointains. Quelles heureuses paroles ils me donnent quand ils me répondent : « Dans le fond, vous étiez comme nous ! » Oui, mais l’avance que vous avez dans l’époque actuelle vous permettra de faire mieux.
Quant à moi, je préférerais dormir sous les terrines de la tombe, ou le couvercle de l’urne, plutôt que dans le fauteuil électrique des lentes et douces exécutions à l’EMS, où ma plus grande valeur serait d’être « un petit Monsieur adorable ». Pour cela il suffit de répondre en souriant aussi, de plonger ses racines sèches dans le sable pour donner à boire à des fleurs invisibles, d’heureuses valeurs que tout le monde aura envie de partager. Un partage plus simple existe pourtant : « On se lève… On va manger… On est fatigué… » Qui cela, on ?.. La « soignante » qui trotte dans ses sandales en caoutchouc ? Qui ne mange pas des purées mais croque des pommes ? Qui est fatiguée, oui elle aussi, mais pas de la vie où le silence offre un repos déjà mérité les yeux ouverts.
Votre dessin ne fera pas rire les trop vieux, moi il me rend triste, et vous ? Je devrais plutôt vous demander si les valeurs acquises au grand âge sont une perspective qui vous réjouit. Quelques définitions pour guigner du côté de l’optimisme :
« Pas encore vieux » : Encore le temps d’être ou se sentir jeune !
« Déjà vieux » : Avoir vécu avec force et très vite, pas pour arriver le premier, mais pour ne rien manquer.
« Trop vieux » : Il n’y a plus moyen de trouver un médecin plus âgé que soi qui exerce encore, et celui qui nous a si bien aidés dans notre jeunesse ne répond plus au téléphone.
« Mort » : Quand les grandes valeurs peuvent enfin s’épanouir au ciel.
Les personnes âgées sont progressivement écartées de la vie sociale, les projets d’aménagements des villes favorisent la mobilité douce qui file sur les trottoirs, mais ne se soucie pas trop de la mobilité fragile et lente à trois points d’appui. Quant aux valeurs des esprits anciens, elles sont souvent citées par les associations d’aide aux seniors, ou offertes comme des bonbons aux résidents des EMS par le personnel qui transmet sa joie de vivre en ouvrant les rideaux le matin : « Il fait beau, tout va bien !.. »
Votre dessin fera rire les plus jeunes qui ont besoin de découvrir et faire reconnaître leurs nouvelles valeurs, quitte à rejeter les anciennes dont ils sauront ensuite récupérer les meilleures. Souvent j’ai eu l’occasion d’écouter les 16 à 20 ans qui, après m’avoir demandé une cigarette, me parlent chaque fois de leurs parents et grands-parents, pour eux c’est le « vieux temps », et j’ose alors évoquer moi aussi mes souvenirs bien plus lointains. Quelles heureuses paroles ils me donnent quand ils me répondent : « Dans le fond, vous étiez comme nous ! » Oui, mais l’avance que vous avez dans l’époque actuelle vous permettra de faire mieux.
Quant à moi, je préférerais dormir sous les terrines de la tombe, ou le couvercle de l’urne, plutôt que dans le fauteuil électrique des lentes et douces exécutions à l’EMS, où ma plus grande valeur serait d’être « un petit Monsieur adorable ». Pour cela il suffit de répondre en souriant aussi, de plonger ses racines sèches dans le sable pour donner à boire à des fleurs invisibles, d’heureuses valeurs que tout le monde aura envie de partager. Un partage plus simple existe pourtant : « On se lève… On va manger… On est fatigué… » Qui cela, on ?.. La « soignante » qui trotte dans ses sandales en caoutchouc ? Qui ne mange pas des purées mais croque des pommes ? Qui est fatiguée, oui elle aussi, mais pas de la vie où le silence offre un repos déjà mérité les yeux ouverts.
Votre dessin ne fera pas rire les trop vieux, moi il me rend triste, et vous ? Je devrais plutôt vous demander si les valeurs acquises au grand âge sont une perspective qui vous réjouit. Quelques définitions pour guigner du côté de l’optimisme :
« Pas encore vieux » : Encore le temps d’être ou se sentir jeune !
« Déjà vieux » : Avoir vécu avec force et très vite, pas pour arriver le premier, mais pour ne rien manquer.
« Trop vieux » : Il n’y a plus moyen de trouver un médecin plus âgé que soi qui exerce encore, et celui qui nous a si bien aidés dans notre jeunesse ne répond plus au téléphone.
« Mort » : Quand les grandes valeurs peuvent enfin s’épanouir au ciel.