Un pas en avant

Que faire de l’éco-anxiété?

61% de la population suisse estiment que la pollution représente un grand problème pour notre pays1. Ces données de 2019 étaient déjà en augmentation par rapport aux sondages précédents, et reflètent une tendance générale: dans dix autres pays, 84% des jeunes ont indiqué que la crise climatique les inquiétait en 20212. Aujourd’hui, médias et réseaux sociaux relaient à foison le constat du GIEC qu’il ne nous reste plus que trois ans pour réduire nos émissions afin que la planète reste vivable. L’éco-anxiété devient une préoccupation généralisée. Comment vivre avec ces émotions?

La distance est-elle utile ?

Le réflexe le plus répandu est de se détourner de ce qui génère un ressenti inconfortable. C’est une solution d’autant plus invitante dans un cas comme celui-ci, où la résolution de la situation ne dépend pas uniquement de soi. La globalité du problème nous met non seulement face à nos peurs, mais également à notre impuissance. Il est légitime et nécessaire de s’aménager des moments pour penser à autre chose, cultiver du plaisir, entretenir le lien et semer du sens au quotidien. En effet, plusieurs études indiquent que veiller à son propre bien-être limite les excès de consumérisme, ce qui constitue en soi un acte écologique. Néanmoins, prendre soin de soi passe aussi par l’écoute et la gestion des émotions, qui ont toujours une intention protectrice et une utilité: dans le cas de l’éco-anxiété, l’intérêt est aussi simple que la survie de l’espèce. Mais alors, puisqu’un seul individu ne peut pas tout arranger à lui seul, que peut-on vraiment faire de ce ressenti?

Un moyen efficace de diminuer l’anxiété

Bien sûr, se distraire porte parfois ses fruits, mais l’action a un effet d’autant plus régulateur sur l’éco-anxiété. En agissant pour l’environnement, la peur laisse la place à un sentiment plus agréable, celui d’avoir un certain contrôle sur la situation. Il ne s’agit pas de prétendre que vous solutionnerez tout, mais bel et bien d’admettre que votre vie a aussi un impact sur l’avenir. Vous connaissez mieux que moi les différents moyens d’agir, qui font tous plus débat les uns que les autres: alimentation, locavorisme ou végétarisme, politique, votations, voyage, trajets journaliers, choix professionnels, achats de seconde main, placements financiers, et encore bien d’autres. Le plus important est de commencer par ce qui vous anime. Ne vous épuisez pas dans votre mission, vous risqueriez de vous dégoûter de tout acte environnemental. Si vous agissez dans le plaisir, vous pourrez peut-être donner de l’élan à d’autres personnes qui seront inspirées par la satisfaction qui émane de vos choix.

Et si de toute façon, c’était déjà trop tard ?

La peur et la culpabilité pèsent lourd sur les épaules, c’est pourquoi on mentionne souvent que la Suisse est trop petite pour faire une vraie différence, que la situation dépend des grands dirigeants, ou encore que les multinationales sont responsables du problème. Il s’agit de l’une des facettes de la crise climatique, qui n’est pas fausse, mais incomplète. D’une part, ce type de discours a une sonorité défaitiste, démotivante, voire déprimante, qui tend plutôt à augmenter l’éco-anxiété et à entraver toute évolution. D’autre part, les projets écologiques qui ont déjà été mis en place dans de nombreuses villes ont toujours eu besoin des citoyens comme moteur essentiel pour assurer leur durabilité3. Prendre conscience que l’impact des humains sur la terre ne dépend pas uniquement d’instances inaccessibles offre un élan plus agréable, donne un souffle beaucoup plus inspirant pour transformer l’éco-anxiété en actions utiles.

S’informer et s’entourer

Le rapport du GIEC ne se contente pas de mettre un ultimatum, il propose de nombreuses solutions, dont, évidemment, la sobriété. Les enjeux climatiques sont complexes, et s’informer permet de retrouver une sensation de contrôle pour mieux traverser les éco-émotions. L’association Coord21 et l’Université de Lausanne ont collaboré pour créer des capsules vidéo dans lesquelles des experts expliquent la situation de manière claire. Par ailleurs, afin de partager et découvrir les éco-émotions, des ateliers de Travail qui relie sont organisés en Suisse Romande, pendant lesquels le sentiment de connexion à la nature est exploré. Enfin, le livre Apprivoiser l’écoanxiété de la Dre Karine St-Jean offre des pistes pertinentes et utiles pour gérer les émotions en lien avec l’environnement.

Un remède extrêmement efficace

Un élément très utile pour gérer non seulement l’anxiété, mais aussi pour diminuer le stress et mieux réguler les émotions, se trouve tout simplement dans la nature. De nombreuses études prouvent que passer en moyenne vingt minutes par jour ou une demi-journée par semaine au cœur de la verdure a de nombreux bienfaits. Pas forcément besoin d’aller loin: si vous habitez en ville, vous pouvez aussi vous rendre dans un parc. Et si vous souhaitez faire des excursions sans trop savoir où vous rendre, l’application Le Jorat dans la poche propose de nombreuses balades avec des offres en lien avec des produits locaux.

Bien-être humain ou environnemental ?

En fin de compte, prendre soin de notre bien-être et de notre santé est souvent porteur d’actes protecteurs de l’environnement. Évidemment, l’inverse est tout autant pertinent, étant donné que l’humanité a encore besoin de la terre pour survivre. Être à l’écoute de nos émotions pourrait, finalement, être l’un des moteurs importants dans la transition.


1 https://www.bfs.admin.ch/asset/fr/11527956

2 https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=3918955

3 Pour plus d’explications à ce sujet, le film Après-demain analyse différents projets écologiques – qui ont fonctionné ou non – afin de définir les ingrédients nécessaires à leur succès.

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