Droits humains

Sauver des vies : une preuve d’humanité

Les personnes qui viennent en aide aux migrants sont victimes de campagnes de répression et de dénigrement. Un peu partout sur la planète, des gouvernements adoptent des décrets pour empêcher de prêter secours à des êtres humains. Ils transforment l’humanité et la compassion en délit.

Carola Rackete, la capitaine du bateau humanitaire Sea-Watch 3, qui a forcé le passage du port de Lampedusa avec 40 migrants à bord de son bateau, est la première victime du nouveau décret sur la sécurité en Italie, surnommé le « décret Salvini ». Ce décret comprend des mesures qui tentent de mettre fin aux opérations de sauvetage menées par les ONG. Ces mesures risquent d’entraîner encore davantage de morts en mer et un nombre encore plus grand de personnes ramenées en Libye, où les conditions de vie sont épouvantables.

Fort heureusement, un juge d’instruction a décidé le 2 juillet de libérer Carola Rackete. Cette décision est un immense soulagement. Pourtant, Carola fait toujours l’objet d’une enquête pour « facilitation présumée d’immigration irrégulière ». Il est absolument choquant qu’elle soit sur le banc des accusés. Ses actions doivent être saluées et encouragées plutôt que criminalisées.

En secourant des femmes, des hommes et des enfants en Méditerranée et en les emmenant dans un port sûr, après des semaines d’errance en mer, Carola Rackete n’a fait que son devoir et respecté le droit international et italien. En lui refusant l’accès à un port, les autorités italiennes et maltaises ont, en revanche, violé ces mêmes lois.

Poursuivi pour avoir donné de l’eau

Les États-Unis de Donald Trump emboîtent le pas à l’Europe. Dans un nouveau rapport, Amnesty documente la campagne répressive et discriminatoire que mène le gouvernement américain en harcelant et en poursuivant pénalement celles et ceux qui sauvent des vies à la frontière avec le Mexique.

Depuis le début de l’année, les autorités américaines ont déjà poursuivi au pénal neuf bénévoles humanitaires de l’organisation No More Deaths/No Más Muertes parce qu’elles ont fourni une aide humanitaire à des migrants et des demandeurs d’asile à la frontière de l’Arizona avec le Mexique, où des milliers de personnes ont péri au cours des deux dernières décennies. Parmi ces bénévoles, Scott Warren subit les chefs d’accusation les plus graves. Il est  poursuivi uniquement parce qu’il a fourni de la nourriture, de l’eau et une assistance médicale à deux migrants à Ajo, une ville située dans une région désertique de l’Arizona. Son procès a été déclaré nul le 11 juin, mais le parquet fédéral n’a pas encore abandonné les charges contre lui.

Des milliers de francs d’amende pour avoir hébergé des sans-papiers

La Suisse n’est pas en reste : en juin, un prêtre catholique de Zurich a été condamné à plus de 5000 francs d’amende pour avoir hébergé une femme sans-papiers qui souffrait d’un cancer et qui nécessitait un traitement à l’hôpital. Le pasteur Norbert Valley attend toujours la décision du tribunal de Neuchâtel : il est poursuivi pour avoir permis à un Togolais débouté de l’asile de dormir dans son église.

De nombreuses autres personnes ont été condamnées à des amendes pour avoir hébergé des personnes sans statut légal en Suisse, car notre législation interdit l’aide au séjour illégal. Et ceci même si ce soutien est désintéressé, simplement motivé par la compassion. Amnesty soutient une pétition demandant une révision de l’article 116 de la Loi sur les étrangers et l’intégration (LEI), de façon à ce que la justice ne puisse plus criminaliser des individus prêtant assistance, dès lors que l’acte est désintéressé et qu’ils n’en retirent aucun profit.

A l’heure où il n’y a jamais eu autant de réfugiés dans le monde – plus de 70 millions, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés – s’en prendre aux personnes qui apportent une aide aux plus vulnérables est non seulement une aberration, mais cela porte atteinte à notre humanité à tous.

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