Le facteur religieux

Burqa, niqab et caetera

Ah… Le voile intégral… De quoi pourrait-on bien parler d’autre en période électorale que de voile intégral… Je me le demande. C’est un sujet brûlant d’actualité ! Un point central de la politique nationale suisse ! Un réel enjeu des relations de notre patrie avec ses partenaires économiques ! Oui, parlons de voile intégral. Ou plutôt polémiquons sur l’urgence pour « la cohésion nationale» et les « valeurs suisses » d’interdire constitutionnellement le voile intégral. Car la Constitution est le fondement de notre Etat de droit. Elle énonce et définit les droits fondamentaux des citoyens : la dignité humaine, l’égalité, le droit à la vie, à la protection, la liberté de conscience et de croyance, celle de s’associer, de se former et j’en passe. C’est sûr, interdire « la dissimulation du visage », soit-il celui d’une femme ou d’un hooligan, doit absolument figurer dans la Constitution.

Un voile qui dérange

Que l’on soit clair : je ne suis pas pour le port du voile intégral. C’est un usage vestimentaire qui suscite en moi gênes et interrogations : la femme sous ce voile est-elle vraiment ‘libre’ de le porter ? Est-ce vraiment son choix ? Ce voile intégral produit des interactions sociales qui m’inconfortent : ne pouvant lire les expressions du visage de celle avec qui je converse, j’essaie de décrypter les émotions dans son regard. La distance physique imprimée par sa tenue me suggère une distance symbolique à ne pas franchir. L’échange souffre ainsi d’un manque de proximité. Le lien social peine à se créer.

L’argument du respect

Oui, le voile intégral pose des questions. Notamment celles de la dignité de la femme qui le porte, du respect de ses droits fondamentaux. Mais soyons honnête : une interdiction du voile intégral permettra-t-elle vraiment un meilleur respect de celle-ci ? Une meilleure protection de ses droits ?

L’argument sécuritaire

Des femmes sous le niqab, nous dit-on, aurait favorisé le trafic d’armes. D’autres auraient commis des attentats-suicides. Certes. Mais alors, en quoi la dissimulation de leur visage les empêchera-t-elle de camoufler sous leurs jupes cocktails molotofs et autres bombes à clous ? Interdisons alors aussi les soutanes, les kesas, les saris et tous les accessoires de mode amples et couvrant !

Une farce électorale 

Arrêtons de monter en épingle des problèmes qui n’en sont pas. Arrêtons de susciter l’insécurité en attisant les amalgames entre une femme intégralement voilée et la violence potentielle d’un hooligan. Et arrêtons de se moquer des électeurs surtout. En plus d’être malhonnêtes, ces stratégies électorales stigmatisent une partie de la population et font du tort à celles que les initiants prétendent vouloir défendre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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