Tel est le titre de l’ouvrage de Valérie de Boisrolin. Ce livre, c’est un témoignage. Celui d’une mère dont la fille a quitté le domicile familial pour partir vivre en Syrie. Valérie de Boisrolin y raconte sa fille : son enfance, son insouciance, ses premières amours. Elle parle de leur complicité, de leur foyer, des décès qui ont les affectés. Elle retrace la « rencontre décisive » de Léa avec B., son « prince charmant », l’homme qui deviendra son mari et avec lequel elle partira s’établir en Syrie alors qu’elle n’a encore que 16 ans.
Mais quels signes avant-coureurs?
Un périple à double facette
Sans colère, mais avec une pointe d’amertume, Valérie de Boisrolin raconte le périple biographique et judiciaire que traverse sa famille ; la culpabilité qu’elle ressent dans ses relations avec les autorités ; la solitude qui l’habite jusqu’au jour où elle réalise que leur histoire n’est pas unique : d’autres familles, de tout milieu social, de toute origine, de toute région sont aussi happées dans la tourmente par le départ d’un enfant, d’une sœur ou d’un frère.
Dans son récit, Valérie de Boisrolin ne condamne personne. Elle ne s’atermoie pas non plus sur son sort. Par son témoignage, elle met en revanche en lumière comment la juxtaposition de rencontres fortuites, d’expériences inopinées et de blessures émotionnelles peuvent faire basculer une personne et sa famille dans un univers parallèle.
Et en Suisse?
Une lecture sans concession qui interpelle sur le regard porté sur et le soutien apporté aux familles victimes d’un départ en Syrie. Un témoignage sincère qui devrait interroger en Suisse aussi les acteurs institutionnels et religieux sur leurs modalités d’accompagnements de ces familles victimes je le répète, et non coupables, du départ de l’un des leurs. Valérie de Boisrolin a elle choisi de se “battre pour sa fille” et de fonder une association d’entre-aide pour les parents “Malgré eux”.
Valérie de Boisrolin (2015) Embrigadée. Paris, L’Express, Presse de la Cité.