Et qu’en disent les femmes de droite?

Du cerveau à l’épiderme : quelle politique pour demain?

Le philosophe Plotin écrivait qu’il fallait considérer la politique comme un art, et même comme le plus élevé des arts avec la rhétorique, car entièrement détaché de la matière pour ne travailler que sur l’intellect. Il y a en effet derrière la politique une dimension qui dépasse très largement la simple dimension juridique et relationnelle que d’aucuns peuvent lui prêter. Le but premier de la politique est de nous permettre de vivre ensemble le plus harmonieusement possible, travaillant à concilier de manière équilibrée les intérêts privés et publics de sorte à pouvoir construire une société toujours plus saine, toujours plus juste, toujours plus enthousiasmante si cela était possible.

Or ceci demande en amont une réflexion sérieuse sur notre nature, sur ce que signifie être libre, être responsable, sociable, solidaire. A quel équilibre devons-nous aspirer pour que l’être humain puisse complètement, noblement et intelligemment s’épanouir : en un mot, révéler le meilleur de sa nature. Quel équilibre faut-il entre sécurité et liberté ? Entre liberté et responsabilité ? Entre responsabilité et solidarité ? La crise que nous traversons aujourd’hui montre chaque jour combien ces notions se heurtent constamment les unes aux autres ; les partisans de la liberté critiquent les mesures jugées trop restrictives ; les partisans de la responsabilité et de l’autonomie demandent la réouverture des commerces ; les partisans de la solidarité appellent à un arrosage social plus large et plus abondant…

Les conséquences peuvent être extrêmement lourdes si l’on ne prend pas la peine de s’interroger en amont sur les besoins de notre nature : suicides, dépressions, appauvrissement général, isolement…

 

Politique de l’épiderme

C’est résolument à cette vision intelligée, au sens de « lire à l’intérieur des choses », qu’il faut préparer les acteurs de la politique de demain. Or il y a lieu de s’inquiéter lorsque l’on regarde notre scène politique et médiatique. La réflexion s’efface derrière les conflits partisans, l’hystérie et les réactions épidermiques. Grève des femmes, grèves du climat, mobilisation d’étudiants, appel au vandalisme, blocus de nos routes ou de nos ponts, occupation de nos places publiques… Sans parler de ce que Natacha Polony a si justement appelé « les minorités tyranniques » ; ces minorités se considèrent comme oppressées par la majorité et refusent tout consensus. Tout devient dès lors prétexte à conflit et à victimisation: les toilettes binaires, l’écriture non inclusive, l’absence de table à langer dans les toilettes pour hommes…

Pour imposer leur vision du monde, les minorités recourent à la culpabilisation constante de la majorité. Elles demandent à la majorité de s’effacer pour les laisser prendre la première place. Pour imposer leur vision du monde, des idéologues mobilisent des milliers d’enfants pendant les heures scolaires derrière des sujets qu’ils comprennent mal, négligeant l’instruction au profit de l’idéologie. Pour imposer leur vision du monde, des activistes prônent la désobéissance civile et bouleversent notre paix sociale et cet équilibre certes imparfait, mais fragile et durement acquis que sont nos lois et notre démocratie. Covid ou non, ces actes continuent, localement, régulièrement, de manière récurrente.

Ces actions se prétendent politiques et sociales. Mais en réalité elles sont anti-politiques et anti-sociales car elles empêchent le vivre-ensemble et refusent le consensus admis par l’immense majorité, ne se souciant que de leur propre intérêt. Voici le règne de l’individu-roi et des minorités-reines, de l’idéologie plus forte que nos réalités.

 

Quel monde après la Covid?

Face à ce quotidien, la conception de la politique comme le plus noble des arts laisse dubitatif. Mais cela laisse aussi un peu rêveur, car si l’on adopte un discours résolument positif, la mise en commun de nos forces a permis à notre espèce d’évoluer comme aucune autre espèce ; je parle ici non seulement d’évolution technologique, mais aussi d’émulation intellectuelle, de progrès scientifiques, de soutiens sociaux et de bien d’autres avantages encore.

Nous nous apprêtons aujourd’hui à devoir reconsolider un équilibre économique et social grandement fragilisé par la crise sanitaire. La situation ne laisse plus place à l’hystérie et à l’égocentrisme politique qui ont façonné notre quotidien en 2019. Il est plus que jamais temps de replacer le bien commun au centre de nos préoccupations, d’abandonner les idéologies décharnées pour affronter la réalité, de retrouver cette paix sociale sans laquelle aucune harmonie et aucune progression n’est possible. On ne (re)construit pas une société en hurlant dans les rues, en se couchant sur un pont ou en cassant des vitrines. S’il y a bien une leçon qu’il nous faut tirer de ce difficile épisode pandémique, c’est ce retour à la conception d’une politique davantage cérébrale qu’épidermique et davantage commune qu’individualiste.

Quitter la version mobile