Retour de Berne… et de Strasbourg

NON à une initiative trompeuse et dangereuse

L’initiative dite « pour l’autodétermination » est à la fois trompeuse et dangereuse. Trompeuse, parce que les prétendus «juges étrangers» de la Cour européenne des droits de l’homme qu’elle a dans son viseur ne sont pas externes à la Suisse: notre pays fait partie du Conseil de l’Europe depuis cinquante-cinq ans, dispose à ce titre d’une juge à la Cour strasbourgeoise et a adhéré librement à la Convention européenne des droits de l’homme. En cas d’acceptation de l’initiative, les juges suisses ne pourraient en revanche plus juger chaque cas de manière pondérée et réfléchie : elles et ils seraient contraint·e·s de faire primer le droit suisse, même si celui-ci entrait en contradiction avec une convention que notre pays a pourtant ratifiée.

La tactique de l’UDC consistant à changer sans cesse le qualificatif de son initiative – qu’elle nomme aujourd’hui « pour la démocratie directe » – a pour but de camoufler ce qu’elle vise réellement : à savoir, isoler la Suisse et la forcer à dénoncer des textes fondamentaux pour la protection de ses citoyen·ne·s, tels que la Convention européenne des droits de l’homme. Contrairement à ce qu’affirme l’UDC, notre démocratie semi-directe fonctionne et n’est pas en danger : les objets soumis au peuple sont variés et nombreux. La viabilité de ce système exige par contre une information politique qui soit claire, transparente et correcte. La rhétorique de l’UDC, qui vise à induire le peuple en erreur, est au contraire nuisible à notre démocratie !

Surtout, cette initiative est dangereuse parce qu’en attaquant le Conseil de l’Europe, ses instruments de base et le droit international, elle s’attaque en fait aux droits humains des habitant·e·s de la Suisse. Plusieurs arrêts rendus par la Cour à l’encontre de notre pays ont en effet permis de renforcer ces droits. Par exemple, celui qui a donné à des proches de victimes de l’amiante le droit à un procès équitable et a conduit la Suisse à allonger les délais de prescription. C’est aussi cette Cour qui, plusieurs années auparavant, avait permis de mettre la pression sur la Suisse pour qu’elle accorde enfin le droit de vote aux femmes.

Pour toutes ces raisons, le 25 novembre prochain, rejetons cette initiative qui, bien plus qu’à s’«autodéterminer», reviendrait, pour la Suisse, à s’«auto-miner»!

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