Depuis quelques années, Airbnb et Uber sont sur toutes les lèvres. Plus économiques que les hôtels et taxis traditionnels, ces plateformes permettent aussi de faire d’intéressantes rencontres, moins formelles et normalisées, entre particuliers. Si de tels services répondent à un réel besoin, l’économie de partage dans laquelle ils s’inscrivent possède aussi son lot de défis – flous juridiques, problèmes de taxations ou encore précarité de l’emploi.
«La libéralisation financière, en réduisant l’intervention des gouvernements sur les marchés économiques, a eu comme effet le développement hors de tout contrôle des entreprises,» s’est alarmé le théoricien des médias et auteur à succès new-yorkais Douglas Rushkoff, lors d’une conférence sur l’économie de partage en septembre dernier à Amsterdam. «Le système économique dans lequel nous évoluons n’est plus capable de subvenir à nos besoins, ni à ceux de la planète. Il est urgent de trouver des alternatives.»
Armée de free lancers et précarité de l’emploi.
Selon le politologue et écrivain américain Steven Hill: «Uber et Airbnb nous montrent le mal que peut causer la technologie si nous ne mettons pas en place des stratégies pour corriger la situation.» Aux Etats-Unis, après la crise économique qui a frappé le pays en 2008 et 2009, le marché du travail a changé drastiquement (ce qui est également le cas dans de nombreux autres pays).
Aujourd’hui, la plupart des contrats sont temporaires et de nombreux salariés n’ont pas d’assurance maladie. La réalité de l’économie de partage va souvent de mise avec des salaires à la fois bas et précaires. «Les entreprises recrutent des armées de free lancers et les employés sont payés uniquement pour le produit final, non pour le temps passé à le développer,» déplore Steven Hill. Un parfait exemple de ce système est upwork, une plateforme online permettant de mettre en relation des clients avec des free lancers dans le monde entier, sans intermédiaire. Pour le politologue, davantage d’applications à but non lucratif (financées par des organisations non gouvernementales par exemple) doivent être développées afin de contrebalancer ces mastodontes, dont le but premier est le profit, sans considération pour les employés ou les communautés.
L’émergence des plateformes coopératives.
De manière prometteuse, de telles initiatives commencent à voir le jour, avec la (ré) introduction des coopératives de travailleurs ou encore l’émergence du mouvement «platform cooperativism»; mouvement dont le but est la promotion de sites ou d’applications qui proposent des services ou produits à la manière de Uber ou d’Airbnb, mais dont les modes de fonctionnement sont complètement différents. Ici, les plateformes sont dirigées et détenues directement par les individus qui en dépendent et qui participent à leurs fonctionnements.
De telles plateformes changent complètement la manière dont les gens dirigent une compagnie, créent de la valeur et redistribuent les richesses accumulées. Enspiral – une entreprise sociale basée en Nouvelle-Zélande qui crée, utilise et distribue des applications libres dédiées aux prises de décision et à la budgétisation – est un parfait exemple de tels mouvements. «Sur le long terme, notre but n’est pas de devenir une communauté qui fasse dix fois la taille que nous faisons aujourd’hui,» confie Craig Ambrose, entrepreneur et développeur. Le facteur social et la mise en place d’une relation de confiance entre les employés sont des éléments primordiaux pour la compagnie.
De nombreux autres exemples de cette culture participative peuvent être trouvés sur internet. Parmi eux, Teem.works (un outil développé afin d’encourager les particuliers à rejoindre des communautés collaboratives), Geeks Without Bounds (un accélérateur de projets humanitaires) ou encore beyondcare (une entreprise sociale et coopérative dédiée à la garde d’enfants).
Renaissance Digitale
«Le vrai but de ce retour aux coopératives, de ce nouveau mouvement économique, est de rendre la terre et les moyens de production aux producteurs eux-mêmes,» explique Douglas Rushkoff. Selon lui, le modèle le plus proche de cette idée peut être trouvé dans les prémisses de l’industrie artisanale, bien loin du Googleplex – le siège social de Google qui abrite aussi Android – et son accumulation massive de capital. «Quand j’examine de nouveaux projets d’entreprises, je me demande toujours si ces dernières sont locales et si elles reconnectent les individus aux lieux de production,» continue-t-il. «Et je suis confiant, car de plus en plus d’entrepreneurs prennent en compte ces paramètres et se dirigent vers des projets commerciaux plus durables.»
Dommage de se contenter d’effleurer un sujet d’une telle importance. Merci tout de même de rappeler que des sociétés comme Uber ou Airbnb n’ont aucune vocation de partage et vise uniquement le profit.
Ceci dit, il est important de comprendre que Uber, actif depuis 2009 partout dans le monde, n’a toujours pas engrangé le moindre bénéfice. Un billet sur ce seul sujet s’impose pour l’expliquer.
En outre, des concurrents importants qui pratiquent le même type d’activité comme Lyft, principal concurrent de Uber, cherchent à se faire acheter.
Mais qui ose encore à l’heure où nombre d’économistes de pointe annoncent l’éclatement de la bulle spéculative de ces licornes. Les investisseurs et autres spéculateurs risquent bien de quitter le bateau soudainement.
Enfin, je vous suggère de suivre l’aventure à Austin de Arcade City. Uber et Lyft ont quitté la ville. Tous les chauffeurs professionnels ont rejoint cette nouvelle plateforme P2P qui pourrait bien servir de modèle dans le monde sans pour autant rassembler ses acteurs sous la forme de coopérative.
Merci pour votre commentaire. En effet, « l’aventure à Austin de Arcade City » est un cas très intéressant et fera peut être l’objet d’un prochain article.