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Nos campagnes ne doivent pas devenir le musée des citadins

Nous voterons le 10 février prochain sur l’aménagement de notre territoire. Ce n’est ni le premier passage devant le peuple, ni le dernier d’ailleurs pour cette thématique ô combien essentielle pour notre pays. Ainsi emmanché, l’enthousiasme ne pourrait résister à la simple lecture du texte et c’est la déception qui prend le dessus : la proposition ignore tout le travail initié dans le domaine de l’aménagement du territoire, se moque du droit à la propriété, tout en s’asseyant gaiement sur les principes du fédéralisme.

Les jeunes verts ne sont pas les seuls concernés

Ce sont les jeunes verts qui nous appellent aux urnes pour nous prononcer sur une initiative visant à figer complètement la surface à bâtir en Suisse. Chaque année, notre pays compte environ 60’000 habitants de plus. Mais contrairement aux fausses impressions des initiants, les chiffres montrent que nos autorités cantonales et communales ne les ont pas attendus pour limiter le mitage du territoire : par exemple dans le canton de Fribourg, la population a augmenté de 52.4% depuis 1991 jusqu’à 2017, alors que la surface habitée ne s’est étendue que de 16.5%. Le politique est sensible à cette problématique et fait son travail mais il ne peut pas le faire sans l’aval de la population et si les jeunes verts sont outrés de voir les propriétaires valoriser leur terrain, d’autres sont sidérés de voir l’Etat leur ôter une part de leur fortune.

Cette initiative compliquera la gestion de l’aménagement

Dans l’immédiat, l’initiative compliquerait malheureusement l’application de la dernière révision de la loi sur l’aménagement du territoire – la fameuse « LAT » – et durcirait drastiquement les contraintes que cette dernière nous impose déjà. Pour rappel, la LAT prévoit de limiter le mitage du territoire de manière stricte et offre toute la panoplie d’instruments pour le faire. Elle comporte également de nombreuses obligations contraignantes pour les cantons et les communes. Les difficultés et autres blocages engendrés ces dernières années prouvent d’ailleurs que cette loi n’est pas sans effet, alors même que sa mise en œuvre est en cours. Attendons déjà de connaître les conséquences réelles de la LAT en vigueur avant de nous imposer des mesures aussi extrêmes que le blocage total des surfaces à bâtir.

Figer la société n’est pas la solution

À moyen terme, les conséquences de cette initiative ne se limiteront pas à l’aménagement du territoire. Le blocage total et définitif des zones à bâtir voulu par les initiants ne permettrait plus, à terme, d’absorber la croissance démographique sans créer des tensions sociales et d’importantes nuisances pour la population. Les partisans prétendent vouloir protéger les terres agricoles et privilégier la qualité de vie, mais leur texte vise en réalité à figer la société dans son ensemble, en particulier dans les campagnes et les régions de montagnes où les contraintes qu’imposerait l’initiative seraient simplement insupportables. Ce texte transformerait donc nos campagnes en musées de cire pour citadins qui aiment les regarder de loin. Mais il nous promet en plus bien d’autres surprises peu réjouissantes, telles que la saturation des infrastructures de transport et la hausse des embouteillages, le blocage du développement économique et la perte d’emplois dans les régions périphériques, ou encore l’explosion des loyers et des prix de l’immobilier… Derrière la prétendue défense du paysage se cache en vérité tout un programme reposant sur la décroissance et l’immobilisme auxquels les Verts aspirent malheureusement inlassablement.

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