Balade dans le fascinant monde du vin

Bienvenue dans ce voyage hédoniste

Chères Lectrices, Chers Lecteurs,

 

Je m’appelle Johanna Dayer, je viens de fêter mon 29ème anniversaire et je suis ravie d’avoir la chance de commencer ce blog pour Le Temps.

Le vin, c’est ma passion et l’essentiel de ma vie. Ce que j’aime boire, c’est les paroles des vignerons, les écouter partager leur histoire, leur savoir, leurs techniques uniques. On ne peut jamais s’ennuyer dans le monde vitivinicole et pour quelqu’un qui déteste particulièrement la routine, le vin est bien tombé sur mon chemin.

 

Chaque année est différente et nous sommes à la disposition de Mère Nature. On ne produit pas des jeans, on ne se contente pas d’appuyer sur un bouton pour produire. On doit écouter la Terre, être proche d’elle, la comprendre, accepter qu’on ne maîtrisera jamais totalement son terroir et encore moins le climat qui le régit. Le vigneron n’a qu’une seule opportunité par année pour vendanger des raisins de la meilleure qualité possible, mais c’est le fruit de toute une année de travail. Chaque détail compte, chaque choix impacte la vision du vigneron et le résultat dans votre verre. J’ai voulu comprendre chacun de ses éléments, comment faire le bon choix par rapport à philosophie, le style de vin que l’on souhaite élaborer. Comment faire pour apprendre de manière structurée dans un domaine si vaste et complexe ? Il n’y avait qu’une seule réponse. Essayer de faire Master of Wine (MW).

 

Dans 88 jours, j’irai passer, je l’espère, mes derniers examens de ce programme rempli de surprises nommé MW pour les intimes. C’est un programme long, rude et relativement solitaire, même si on y fait des rencontres fantastiques. Alors, autant vous emporter dans mes aventures. J’espère que ce dont j’aurai la chance de partager avec vous sur le monde du vin vous plaira et que vous comprendrez pourquoi le vin est un des univers les plus fascinants et excitants au monde.

 

L’idée pour ce blog est donc de vous prendre avec moi en voyage, des sortes de vacances de l’esprit pour vous, où vous pourrez, je l’espère apprendre tout en vous faisant plaisir.

Je suis ouverte à toutes vos suggestions pour écrire des petits articles, donc n’hésitez pas à me contacter et me faire part de vos idées. J’aimerais que ce soit un blog vivant et participatif. C’est pour cela que je laisse les commentaires, ainsi nous pourrons échanger ensemble.

 

 

J’ai prévu plusieurs thèmes pour nos évasions hédonistes :

 

  1. Evasion au cœur de l’Helvétie à travers ses cépages rares, indigènes et précieux.

Pour commencer, dans notre premier épisode, nous irons faire un tour en Suisse allemande avec le Raüschling des Besson-Strasser.

 

  1. La Suisse du vin, plus dynamique que jamais avec ses Rookies.

Comment la nouvelle génération crée son propre domaine, reprend la cave familiale et l’ajuste à ses propres valeurs. Nous partirons ensemble à la rencontre de personnalités jeunes, rafraîchissantes (tout comme leurs vins), pétillantes, remplies de vie et surtout de brillantes idées.

 

  1. Exploration aux quatre coins du monde de pépites atypiques et souvent sous-évaluées.

Ce sera ma façon de vous faire partager mes révisions, voyages, visites et explorer des vins que vous ne connaissez pas assez ou pas du tout.

Au programme : un tour du monde du Muscat dans ses différents styles et pays d’origine, un tour d’Italie axé autour des vins blancs souvent oubliés à l’égard de leurs frères rouges, les précieux joyaux de la Moselle, Rioja – entre tradition et modernité, Madeire – les secrets d’une île enchantée, et bien plus encore !

 

 

Mais peut-être que d’abord vous aimeriez savoir qu’est-ce que c’est ce fameux Master of Wine (MW) et qu’est-ce qui est particulièrement attractif dans ce programme extrêmement exigeant.

Moins de 400 personnes dans le monde ont réussi à obtenir ce titre.

Pourquoi ? Le programme de MW requiert beaucoup de connaissances et de discipline afin de réussir des examens multidisciplinaires. En bref, il y deux années d’examen. La première session d’examen, le Stage 1 Assessment (S1A), dure une journée. Le matin, les candidats dégustent 12 vins à l’aveugle et doivent identifier au mieux selon les questions qui leurs sont posées l’origine, le cépage, le style, le potentiel commercial, etc. L’après-midi, c’est un examen théorique de deux heures qui attend les candidats. Deux questions auxquelles les étudiants doivent répondre sous la forme d’une dissertation. La structure est donc un élément-clé pour réussir.

 

Le seul cadeau que les candidats obtiennent s’ils réussissent le S1A, c’est le droit d’aller en deuxième année. L’écremage est de mise puisque selon les notes obtenues, on vous invite soit à quitter le programme et postuler à nouveau après avoir patienté minimum deux ans, soit à refaire votre examen. Les élèves dans le programme n’ont qu’une seule deuxième chance de passer le S1A, faute de quoi, ils devront sortir du programme.

 

En deuxième année, les examens se corsent puisqu’en plus des connaissances à avoir, il faut également avoir de l’endurance. La semaine d’examen se déroule sur quatre journées complètes. Les trois premiers matins sont dédiés à la dégustation. Cette fois, les candidats seront examinés sur 36 vins au total. Douze vins blancs le premier jour, douze rouges le deuxième et finalement un mélange aléatoire le troisième jour pouvant être composé de rosés, effervescents, liquoreux, fortifiés (Sherry, Madeire, Porto) ou encore de davantage de rouges et blancs « tranquilles » (= sans bulle). Chaque examen de dégustation dure deux heures et quart. Ensuite, il est possible d’aller grignoter quelque chose, se dégourdir les jambes avant d’enchaîner sur trois heures d’examen théorique. L’ordre d’examen est logique puisque le premier, touche à la viticulture, le deuxième à l’œnologie (dès que le raisin entre dans la cave jusqu’à la fin des fermentations), le troisième concerne à nouveau le processus de production en couvrant les types de collage, filtration, le transport en vrac dans un bâteau, la mise en bouteille, etc. Ensuite, une fois le vin enfermé dans son contenant définitif (que ce soit une bouteille, un bag-in-box, une canette ou autre), le quatrième examen couvre le business du vin. Cela implique d’avoir les connaissances sur les canaux de distribution, le marketing et ses diverses stratégies, la finance du monde du vin et les différentes variantes d’atteindre la rentabilité et le tout concerne tous les types de vins de l’entrée de gamme aux plus grands crus du monde. Finalement, pour clôturer le quatrième jour d’examen et évaluer notre esprit critique, il y a un dernier examen qui s’appelle « Contemporary issues ». C’est un papier qui demande d’analyser toutes les différentes facettes du monde du vin et d’avoir une vision parfois plus philosophique mais qui doit toutefois restée argumentée et justifiée.

 

Après des mois de travail, j’ai eu la bonne surprise de réussir à ma première tentative la théorie. Maintenant, il reste les fameux 36 vins. Avoir douze vins devant soi requiert bien plus que des compétences en dégustation et en communication. Il faut maîtriser ses nerfs. Jusqu’ici, je suis mon plus grand ennemi. Le stress, le manque de confiance en moi, la panique et l’anxiété n’ont pas été mes meilleurs amis ces dernières années. Que cela paraisse surprenant, c’est ce qui me plaît le plus dans le programme. Ce n’est pas uniquement un programme qui mesure vos aptitudes intellectuelles, votre mémoire ou votre esprit d’analyse. C’est un challenge personnel, une sorte de voyage à travers votre état d’esprit, votre force de caractère, votre rigueur et votre persévérance. L’échec fait probablement partie du processus et honnêtement, je n’ai jamais connu quelque chose d’aussi enrichissant. La force de Master of Wine, c’est que lorsque vous obtenez le Graal, vous êtes bien plus qu’un bon communicateur ou généraliste du vin. Vous êtes capable de vous gérer qu’importe la pression et la situation. Vous savez maîtriser vos nerfs et garder votre calme. L’objectivité à laquelle nous sommes soumis pour analyser avec précision les vins nous permet de devenir beaucoup plus pragmatique et honnête avec les crus que nous avons en face de nous. Cela peut paraître extrême quand on vit le programme de l’extérieur ou qu’on ne le connaît pas. C’est pourtant la plus belle aventure qui me soit arrivée et qu’importe le résultat final, c’est le parcours que j’aurai personnellement vécu avec moi-même qui aura le plus de valeur. J’ai grandi, mûri et tellement appris. Je ne peux qu’être reconnaissante auprès de l’Institut et de tous les Masters of Wine pour toutes les compétences physiques, mentales et vitivinicoles que j’ai acquises ces dernières années.

 

On se retrouve très vite pour ce premier épisode de notre roadtrip suisse ! J’espère que ça vous plaira !

 

Merci pour votre lecture et à bientôt !

 

Jo

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