Une Suisse en mouvement

Le Valais, un mariage de raison tellement suisse

Le Temps

Faut-il scinder le Valais en deux demi-cantons ? Le correspondant en Valais du journal Le Temps, Grégoire Baur, joue à se faire peur en évoquant cette option politique dans un article fleuve. Il remet une couche via un éditorial : « En fuyant la confrontation avec cette idée, les Constituants ne remplissent pas leur devoir ». 

La Commission idoine et la plénière de la Constituante ont débattu de cette question, mais elles ont rapidement trouvé que cette option des deux demi-cantons était mauvaise. Scinder le canton en deux ne crée que des perdants. Unanimité en commission, et vote tacite en plénière lors de l’examen préliminaire des principes. En bref : l’unanimité des 130 élu-es pour le principe d’un Valais uni. Comment expliquer ce choix ? Pourquoi rester ensemble alors que rien ne semble rassembler les francophones et les germanophones, à part le cliché d’un FC Sion garant de l’unité cantonale ? 

L’article de G. Baur repose sur un malentendu. Il présume que pour être un canton uni, il faut se ressembler. Son slogan pourrait être « qui se ressemble s’assemble ». G. Baur écrit ainsi : « On peut retourner le problème dans tous les sens, les éléments qui sont censés rassembler le Valais n’existent pas. » Sans surprise, il utilise la métaphore du mariage d’amour qui s’étiole. Les amants brûlants ne regardent plus guère que des séries netflix ensemble, leur couple bat de l’aile. Sortez les mouchoirs.

Mais G. Baur ne trouve pas, car il ne cherche pas au bon endroit. Je crois intimement que la Suisse nous offre une autre narration politique. Le sens politique profond du projet suisse, c’est l’alliance des différents cantons en vue d’une meilleure prospérité de chacun et du groupe. Les Genevois, les Thurgoviens et les Tessinois ne se ressemblent pas et nous serions empruntés de devoir dégager des points communs. Le 19ème siècle a bien tenté de créer un ciment national en promouvant des traditions et des valeurs soi-disant communes. Mais là n’est pas le cœur.  Leur alliance au sein de la Confédération s’explique par leur volonté répétée de faire front commun pour augmenter leur prospérité et répondre aux défis communs qui s’offrent à eux.

En Valais, c’est la même narration qui devrait s’imposer. Ce qui importe entre le Haut et le Bas-Valais, ce ne sont pas des points communs qu’on cherche désespérément à faire émerger, c’est la volonté de vivre ensemble pour être plus forts. En adoptant cette approche, la réalité décrite par G. Baur apparait alors sous une lumière diamétralement différente. 

La Constituante poursuit ses travaux pour renforcer cette alliance, mais surtout pour mettre en place les conditions-cadres qui vont permettre aux bénéfices de celle-ci d’apparaitre plus clairement. 

 

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