Une Suisse en mouvement

Morne campagne?

Depuis mercredi passé, les médias pleurent une « campagne morne ». Le refrain revient sur tous les canaux de la RTS, souvent sous forme de question aux invités. Cette « faute de communication » – si cela n’est pas voulu – ou cette « stratégie de communication » – si c’est un choix conscient – possède un très joli nom en anglais : une self-fulfilling prophecy. En d’autres mots, une prophétie qui se réalise d’elle-même, sans besoin de confirmation extérieure. Comprenez : à force de répéter, point d’interrogation ou non, que la campagne a été morne, le souvenir de celle-ci le devient…

Je ne crois pas à cette idée de « campagne morne » à moins…

…A moins que l’on compare avec une élection fédérale où le plus grand parti du pays avait fait campagne autour de son leader. Voter pour l’UDC, c’était voter pour C. Blocher. Si la campagne actuelle est morne dans ce sens, alors c’est une bonne nouvelle.

…A moins que l’on idéalise la démocratie suisse pour projeter sur elle une sorte de démocratie de marché. Imaginez une citoyenne achetant ses carottes et débattant avec vigueur et intérêt de la transition énergétique avec son maraicher et une politicienne. Quelle belle image d’Epinal !

…A moins qu’on considère que certains thèmes clefs n’ont pas été abordés. Cela concerne en première ligne nos relations avec l’Europe. Mais sur ce point, pour avoir participé à de nombreux débats foraus sur cette question, je ne pense que la campagne fut « morne ». Dans un langage diplomatique, on dirait plutôt que les réponses des politiciens furent à tout le moins évasives…

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