Une Suisse en mouvement

Qui sera l’Iznogoud du NOMES?

Chacun d’entre nous a déjà été confronté au syndrome «Iznogoude»: un collaborateur prêt à tout pour prendre la place du calife. Jouer des coudes, frapper dans le dos, ou quand tous les coups sont permis pour accéder au poste tant convoité. Pour le Nouveau Mouvement Européen Suisse (NOMES), les Iznogoudes manquent à l’appel. Problématique, car la calife, Christa Markwalder, conseillère nationale PLR du canton de Berne, a récemment annoncé vouloir remettre son poste de présidente. Elue en 2006, la Bernoise dit vouloir préparer au mieux son année de présidence du Conseil national en 2015/2016. L’Assemblée générale du NOMES du 10 mai prochain aura pour délicate mission de trouver un(e) successeur(e) à Christa Markwalder.

L’ambiance post-9 février rend le départ de la conseillère nationale particulièrement symbolique. Le poste vacant fait clairement apparaître le manque de remplaçants. D’aucuns diraient sans rougir «l’absence». Pour remplir au mieux les objectifs du NOMES, son président devrait être une personnalité du centre-droit alémanique, capable d’assurer le dialogue aussi bien avec une gauche traditionnellement plus ouverte à l’idée européenne qu’avec les milieux économiques. Il devrait savoir faire preuve d’un enthousiasme sans faute pour défendre l’idée européenne et contester la vision des nationalistes-romantiques de l’Albisgütli. Mais qui, dans les partis du centre-droit et au sein du PLR, souhaiterait se profiler sur l’Europe? Qui a l’ambition et les moyens de proposer une véritable vision de l’avenir de la Suisse avec son partenaire européen?

Cédant à la facilité de quelques lieux communs sur la «voie bilatérale» et l’ «importance économique de l’Europe», les partis du centre-droit ont asséché leur potentiel de réflexions européennes. Toute velléité de s’intéresser à l’Europe autrement que sous la forme d’un «bashing» ou d’une vénération du Dieu de la voie bilatérale est punie par le mépris. A ce titre, Christa Markwalder, dans la lignée de son prédécesseur Yves Christen, est l’une des dernières représentantes de la réflexion européenne au centre. A passer en revue les papables, on ne voit vaguement qu’Elisabeth Schneider-Schneiter (PDC, Bâle-campagne), Tiana Moser (Verts-libéraux, Zurich), Kathy Riklin (PDC, Zurich) ou Pirmin Bischof (PDC, Soleure). Doris Fiala (PLR, Zurich) co-préside depuis mars le groupe parlementaire Suisse-Europe, groupe dont le secrétariat est assuré par le NOMES. Peut-on prêter une ambition européenne à la Zurichoise, également vice-présidente de l’assemblée parlementaire du  Conseil de l’Europe ? Inutile de se faire trop d’illusions, les intérêts européens ne sont qu’à peine mentionnés sur les sites personnels de ces élus…Si Iznogoude veut le califat, il cache bien son jeu.

La difficulté de recruter un candidat va de pair avec la difficile mission du NOMES. Sur la page d’accueil du site, Christa Markwalder est citée avec la phrase suivante : «Nous travaillons pour que la Suisse devienne un membre actif de l’Union européenne et pour que les Suissesses et les Suisses obtiennent le droit de vote européen.» Quel politicien suisse (du centre ou de droite) croit pouvoir être élu avec une telle déclaration?

Afin de débattre des suites du 9 février, le NOMES appelle ses membres et les intéressés à participer le 10 mai aux «Etats généraux européens». Le mouvement peut-il encore espérer convaincre et faire avancer les choses en fixant comme objectif l’adhésion de la Suisse à l’UE? Doit-on considérer que cette question pourrait rapidement (re)devenir pertinente si la Suisse devait être mise à l’écart du marché européen? Ou doit-on au contraire penser que cette question est farfelue au point de couper le contact avec les décideurs et la population? Autant de questions difficiles pour un(e) président(e) encore aux abonnés absents. A moins que le califat ne bascule à gauche, là où quelques Iznogoudes pourraient se lancer dans la course.

Quitter la version mobile