Le débat sur l’armée s’est embourbé et tous semblent heureux d’en finir au plus vite. Tout porte à croire que le GSsA va perdre ce dimanche sur un score qui ne reflètera malheureusement pas les défis auxquels l’armée suisse est confrontée. Certains n’hésitent pas à parler d’une campagne ratée.
Mais l’échec programmé de ce dimanche ne signifie pas la fin du débat nécessaire sur la justification et le type d’obligation de servir que souhaitent les citoyens. Les partisans de l’obligation de servir devraient même remercier le GSsA de les rappeler à la nécessité de repenser le système actuel. Les fissures deviennent chaque jour plus importantes, comme le rappelait un communiqué de la Commission fédérale pour l’enfance et la jeunesse au début du mois. Autant dire que le réveil pourrait être cruel pour ceux qui croient que la question de l’obligation de servir est définitivement rangée au placard des vielles utopies soixante-huitardes.
Ce dimanche et dans les analyses qui suivront, il sera intéressant de bien observer les résultats de l’initiative chez les citoyens de moins de trente ans. Premièrement, ce sont qui sont au premier chef concernés par l’obligation de servir. Rappelons qu’en théorie, chaque jeune homme de ce pays est appelé à donner une année de sa vie à la patrie pour le bien de la communauté. Vu d’un autre angle, il s’agit bel et bien d’une majorité de la population qui force une minorité à se mettre à son service. Cette minorité a droit à une réponse claire à la question essentielle que posait l’initiative du GSsA : quelle est la justification de cette année de sacrifice à la patrie? Question d’autant plus douloureuse lorsque près de 50% des concernés échappent d’une façon ou d’une autre à cette obligation et que la moitié de la population, à savoir les jeunes femmes, n’est pas du tout touchée par cette obligation.
Deuxièmement, ces résultats seront particulièrement intéressants car ils reflètent l’avis de la génération qui sera au pouvoir dans quelques décennies. Quelle sera leur position sur l’obligation de servir et le maintien d’un système de milice ? Comment réagira une génération qui a un tout autre rapport à l’armée, aux cours de répétition et aux séances de tirs obligatoires ? Sur la question de l’évolution de l’armée, les dés sont certainement jetés pour de nombreuses années encore. Les réformateurs des différents partis du centre et de droite sont trop peu écoutés et la tradition impose sa chape de plomb. Je me réjouis de découvrir de quelle obligation et de quel service à la communauté la nouvelle génération rêve.