Une Suisse en mouvement

A la journée des Romands et des vieux c…

J’ai eu le plaisir de participer ce mardi à la journée des Romands du gymnase zurichois de Rämibühl. Son principe est aussi simple qu’efficace : une fois l’an, les classes de maturistes consacrent une journée à la Romandie. La matinée est rythmée par la visite dans chaque classe d’un Romand travaillant et habitant dans la région zurichoise. Les élèves ont ensuite l’occasion de faire la connaissance d’un invité spécial, lui aussi représentant de Suisse romande. Cette année, Claude Nicollier est venu partager son expérience avec les maturistes. Comme l’expliquait Marco Baschera, responsable de la journée, le projet repose sur la conviction que la Suisse cessera d’exister le jour où les langues nationales cesseront d’être vécues et transmises. Un jour où tous communiqueront en anglais. Véritablement incarner la Suisse romande par des visages et des voix auprès de chaque volée de maturistes, c’est amener une petite pierre à l’édifice d’une Suisse plurielle. D’une Suisse tout court.   

Ceux qui ont en fait l’expérience connaissent ce type de public : se retrouver pendant deux heures avec une quinzaine de jeunes adultes ne pardonne souvent pas. Il faut intéresser, amuser et résister de toutes ses forces à entrer dans le rôle du vieux c… Les Romands sont-ils différents des Suisses alémaniques ? Les élèves restent silencieux, mais on pressent que si la discussion avait lieu en allemand, le débat serait vivant. Certains se lancent, d’autres hésitent. Ils connaissent Lausanne ou Genève, ont parfois de la famille en Romandie et ont déjà entendu dire que les Romands étaient proches des Français. « Que veux-tu dire ? » « Des gens qui profitent de la vie et qui sortent du travail à 16.00 tous les jours ». Ah, ces Français-là.

Une discussion s’engage, chacun y allant de son exemple et de son expérience. Au final, reste l’impression que ces clichés sont sans fondement, ou si peu. Nous sommes si proches, ou si différents, c’est selon. Mais aucun ne devrait être enfermé dans des clichés préétablis. Dans le coin, la professeure de français sourit. Pour elle, le but est depuis longtemps atteint : « Ils ont pu voir, écouter et parler avec un vrai Romand. Aujourd’hui, la Romandie a un visage. »

Vertiges : devant cette classe, l’espace d’une matinée, j’étais la Romandie. Ai-je été à la hauteur ? Ai-je été un digne représentant de la langue et de la culture francophone, à la fois drôle et profond? Ai-je abordé les bons sujets ? Et surtout, ai-je été un vieux c… ? Bilan d’après coup : j’ai plaidé pour l’année sabbatique (surtout pas après l’uni !), démontré pourquoi l’apéro était une belle tradition, expliqué que l’apprentissage du français était une condition pour réussir sa carrière en Suisse pour finir par les encourager à aller voter début juin. Pas de doute, tout l’attirail du vieux c… Tout va décidément trop vite.

Johan Rochel

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