Votre santé, un business?

Nécessité d’utiliser très largement les tests virologiques de détection du covid et le « contact tracing » digital : une priorité absolue pour réussir le dé-confinement !

Pour quelques temps, ce blog va aborder des questions en rapport avec la pandémie actuel – Covid-19.

Comme ancien médecin cantonal du canton de Berne (2014-2018) et ayant repris un mandat dans le cadre de la pandémie (ouverture du Drive-In de Berne le 2.4.2020), je me concentrerai sur des thèmes très pratiques touchant nos vies de tous les jours : les mesures de protection, les tests virologiques (détection du covid) et sérologiques, les visites dans les EMS, le contact-tracing digital, mais aussi les personnes les plus touchées comme les sans-papiers, etc.

Aujourd’hui un grand nombre d’employés retournent à leur place de travail après 8 semaines de confinement : la validité ainsi que le coût sanitaires et sociaux devront être encore évalués. La reprise d’une vie normale et économique est indispensable, mais nous devons être prudents et considérer une deuxième vague comme une réalité. Tous s’accordent là-dessus, mais pas sur les mesures à prendre.

Lors d’une épidémie, il est essentiel de reconnaître très précocement les foyers infectieux. Chaque jour compte en particulier lorsque la contagiosité est élevée. Avec le covid-19 nous avons tous été très lents : nos systèmes d’alarme ne fonctionnent pas, et nous ne disposons pas des instruments informatiques de base pour contrôler une épidémie : registre des cas suspect en temps réel, système électronique de gestion des cas confirmés. Maintenant que nous avons une assez bonne connaissance du virus, reconnaître la deuxième vague devrait être nettement plus aisé. La rater sera de la négligence pure et simple.

Nous allons retourner dans les restaurants et les magasins. Comme assurer la meilleure sécurité possible pour les employés et leurs clients ? Les règles très génériques de l’office fédéral de la santé publique (OFSP) doivent être adaptées à chaque contexte particulier et rendues praticables pour le quotidien. Cette « traduction » demande de l’imagination, de l’innovation et des essais itératifs pour arriver à des mesures protectrices et opérationnelles pour l’économie. Mettre l’accent uniquement sur la santé n’est pas une option viable, et notre société doit trouver un équilibre optimal.

Les employeurs mettent en place les mesures de protection. Ils doivent s’assurer de leur compréhension et mise en pratique par tous les employés. Un climat de confiance mutuelle est indispensable au sein de l’entreprise car l’efficacité dépendra de l’effort commun. Les mesures actuelles de l’OFSP préconisent un confinement de 10 jours pour toute personne avec des symptômes. Pour une reprise de l’économie, ceci est inadéquat et contreproductif : d’une part l’évaluation personnelle de la gravité variera grandement d’un employé à l’autre, d’autre part par crainte de perdre leur emploi les collaborateurs ne s’annonceront pas pour une quarantaine spontanée lors de symptômes peu prononcés. Ainsi il y aura une augmentation des transmissions dans la population active. Cette non-reconnaissance précoce des cas d’infection aura comme conséquence que le confinement ne pourra pas se limiter uniquement à un petit nombre de personnes.

L’emploi très large des tests virologiques est nécessaire et doit être associé au « contact-tracing ». Ceci est également préconisé par la task force scientifique (ncs-tk.ch) Chaque employé doit s’annoncer s’il a des symptômes et aller se faire tester dans la journée (les tests devraient être pris en charge par l’employeur si le canton ou la caisse-maladie ne le font pas). S’il est positif, il restera à la maison pour les 10 jours de confinement et une analyse de ses contacts doit être faite, afin de pouvoir avertir ces derniers qui pourront alors aussi se faire détecter au moindre soupçon de la maladie. Pour celui qui a un test négatif, il pourra retourner au travail. Avec cet algorithme simple, la majorité des employés pourront travailler et ainsi éviter un nouveau confirment, tout en permettant d’identifier les cas de contagion.

                              Drive-In Berne

Le test virologique de détection du covid est la meilleure méthode dont nous disposons pour reconnaître les personnes infectées, et ainsi rechercher de façon ciblée les contacts potentiels des personnes positives et réduire substantiellement le nombre de personnes à mettre en quarantaine. L’algorithme comporte un risque résiduel, car les personnes infectées sont contagieuses déjà deux jours avant l’apparition des symptômes, mais aucune méthode ne peut actuellement réduire ce fait inhérent à toute épidémie. Ainsi, les tests virologiques pour le covid-19 doivent être largement accessibles et pris en charge financièrement par la confédération ou les cantons.

 

L’OFSP soutient timidement cette option, mais demande la prescription du test par un médecin afin d’assurer le remboursement de cette prestation par la caisse-maladie. Cette condition n’est ni pratique ni utile pour les cas simples, mais uniquement en cas de maladie avec un certain degré de sévérité nécessitant une consultation. D’un point de vue santé publique, les tests doivent être librement accessibles et gratuits : toute autre méthode crée des incitatifs négatifs.

 

                            Contact-tracing

Notre administration souffre d’un perfectionnisme chronique : ainsi nous manquons le plus souvent le moment optimal pour mettre une mesure en place. Le dernier exemple en date est le report du contact-tracing digital par le biais de nos smartphones. La méthode est pragmatique, efficace et adaptée à la situation actuelle – le contact-tracing manuel n’est pas possible dans le cadre d’une pandémie simplement à cause du nombre de personnes à contacter. Facebook, Instagram, etc. sont alimentés en continu par les citoyens, ce qui ne suffit pas dans ce cadre et que personne ne semble craindre. Ainsi, les arguties de juristes concernant la protection des données sont dangereuses et irresponsables dans le cadre de l’urgence pandémique. Avec un peu de courage et de pragmatisme le conseil fédéral pourrait simplement imposer le contact-tracing pour une période de quelques mois.

                    Contact-tracing Digital

La combinaison de l’utilisation très large des tests virologiques avec le contact-tracing représente la seule solution adéquate afin de permettre la reprise des activités, la protection de la santé et l’évitement d’une deuxième vague, ce qui est la seule solution pour réduire au maximum le risque d’une deuxième phase de confinement, que notre société aurait beaucoup de difficultés économiques à absorber.

 

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