Le droit au mariage, à l’union (nouveau) et à la famille est garanti. Les formes d’union régies par la loi sont ouvertes à tous les couples quels que soient leur sexe ou leur orientation sexuelle.
Tel est l’objet de la votation du 26 septembre. En complément du partenariat enregistré, cette révision octroie aux personnes homosexuelles la naturalisation du partenaire et l’adoption conjointe, ainsi que le recours au don de sperme pour les couples de lesbiennes. Les deux chambres du parlement l’on soutenu y compris le PLR, le PS et Le Centre. Un comité interpartis, composé de représentants de l’UDF et de l’UDC, a combattu ce projet en lançant un référendum. En cas de vote positif pour la modification, la Suisse ne serait que le 29e pays en Europe à introduire le mariage pour tous à l’échelle nationale. Selon les sondages, le oui serait acquis à plus de 60%. Le referendum UDC-UDF n’est donc qu’un combat d’arrière-garde voué à l’échec.
A quoi rime donc ce referendum ? Pour l’essentiel, à recruter des électeurs pour les deux partis qui l’ont soutenu. Et pour rien d’autre. Ce n’est plus un débat de société, car il est dépassé depuis longtemps dans l’opinion publique. Les arguments des référendaires sont pathétiques dans leur naïve formulation.
1/ « Seule l’union d’un homme et d’une femme permet de donner la vie, c’est pourquoi il faut protéger cette composante essentielle de la société et de l’État. » Ce type de raisonnement, porte un nom : la pétition de principe. Dans l’hypothèse de la proposition, on suppose la thèse qu’on doit prouver. En plus, on glisse comme chat sur braise d’une évidence biologique à un argument sociétal. Or l’union entre deux êtres humais repose aussi, voire surtout, sur l’affectivité et ne se résume pas à la reproduction.
2/ « Le projet « Mariage pour tous » viole de ce fait l’art. 119 de la Constitution, car, pour les couples hétérosexuels, cet article autorise le recours à la procréation médicalement assistée uniquement en cas de stérilité ou de danger de transmission d’une maladie grave. À cet égard, considérer les couples de lesbiennes comme étant stériles va à l’encontre de toutes les définitions en vigueur. » Cette dernière affirmation est pour le moins étrange car elle suppose qu’un couple de lesbienne pourrait être fertile : le rédacteur a sans doute quelque lacune dans sa connaissance de la reproduction.
3/ « Un enfant a besoin d’avoir comme modèle parental un homme et une femme : en autorisant le don de sperme pour les couples de lesbiennes, la loi prive l’enfant d’un père. » Autre pétition de principe : si l’enfant a besoin d’un père, énoncé qui tombe du ciel, le mariage pour tous est évidemment invalide.
4/ « La gestation pour autrui, laquelle est discutable du point de vue éthique, pourrait constituer la prochaine revendication. » Ce procédé rhétorique s’appelle l’amalgame : la confusion délibérée de deux idées différentes afin de pousser l’interlocuteur à refuser ce qu’il pourrait accepter en lui faisant croire qu’il admet en fait autre chose.
Cette revue de sophismes est le sujet de ce blog. Il est donc vain d’entamer un débat sur le fond de ces quatre arguments, car leur forme suffit à les discréditer. Reste le dernier argument, le plus fort, pour refuser la modification de la Constitution. C’est une citation du Lévitique, XX,13 :« L’homme qui couchera avec un mâle à coucherie de femme, ils font une abomination, les deux. Ils sont mis à mort, leurs sangs contre eux. ». Selon 1 Corinthiens 6.9-10, l’homosexualité n’est qu’un des nombreux éléments de la liste d’actes qui empêchent d’entrer dans le Royaume de Dieu. Les deux testaments concordent. C’est sans doute l’argument sous-jacent à beaucoup de convictions individuelles. Il n’est pas possible de le réfuter pour un interlocuteur, croyant et fondamentaliste, qui considère la Bible comme la parole de Dieu lui-même. L’accepter signifie conformer nos lois actuelles à des prescriptions vieilles de vingt siècles ou plus, comme si la société n’avait pas évolué.
En revanche, il reste à énoncer l’argument majeur pour la modification : la loi est faite pour le peuple et non le peuple pour la loi. Si les Suisses ont fini par comprendre que l’homosexualité n’est ni une perversion, ni une maladie, mais une constante de la Nature, il faut logiquement accorder à cette minorité l’égalité avec la majorité. Tant il est vrai que l’ordre juridique suisse repose sur une conception forte de la démocratie qui n’est pas le règne d’une majorité mais le respect scrupuleux de toutes les minorités. Pour une raison simple : tout Suisse appartient toujours à une minorité linguistique, politique, religieuse, ethnique et pourquoi pas sexuelle. Le trait de génie helvétique a consisté dans cette attention farouche aux minorités alors que les pays voisins les persécutaient.