Une chronique politique sans parti pris

Les erreurs les plus graves en politique

 

La politique est l’art de rendre possible le souhaitable, mais elle opère dans l’ignorance des conséquences futures de ses décisions. Démarche humaine par nature, elle comporte forcément des réussites et des échecs.

Dans certains cas, on peut parler d’”erreurs les plus graves”, à la fois parce qu’il eut été possible de ne pas prendre cette décision et qu’elle entraine des conséquences à l’inverse de ce que l’on visait et de ce que l’on croyait. Cela peut être le décret d’un dictateur, d’une démocratie ou même du peuple souverain. Cela peut concerner un parti, une classe sociale, un pays, un continent, une confession religieuse. Exemples historiques :

15 mars 44 av J.C : assassinat de Jules César en vue de sauver le régime républicain de la monarchie, qui entraîne l’érection de l’Empire romain, supermonarchie.

380 : édit de Thessalonique par l’empereur Théodose convertissant le christianisme en religion d’Etat de l’empire et le compromettant avec l’exercice du pouvoir pour des siècles.

27 novembre 1095 : le pape Urbain II lance la première croisade, opération coloniale à prétexte religieux

2 janvier 1492 : prise de Grenade par les Espagnols et expulsion des musulmans en violation du traité de capitulation

24 août 1572 : massacre de la St. Barthélémy à Paris de 3000 protestants

18 octobre 1685 : révocation de l’Edit de Nantes par Louis XIV entraînant la fuite de 300 000 protestants français en particulier vers la Suisse

21 janvier 1793 : décapitation de Louis XVI, préludant à la prise de pouvoir de Napoléon couronné empereur le 18 mai 1804

1812 : campagne de Russie, retraite avec plus d’un demi-million de morts et abdication de Napoléon

19 juillet 1870 : déclaration de guerre de la France de Napoléon III à l’Allemagne. La défaite française scelle l’unité de l’empire allemand, germe des deux guerres mondiales du XXe siècle.

9 décembre 1905 : loi séparant la République français de l’Eglise catholique, ouvrant la voie à la querelle de la laïcité.

28 juillet 1914 : l’Autriche déclare la guerre à la Serbie en déclenchant un conflit mondial, dont le résultat est le démantèlement de l’empire austro-hongrois en 1919, au prix de 18,6 millions de morts, pour moitié des civils.

28 juin 1919 : traité de Versailles imposé à l’Allemagne par les vainqueurs, préparant l’accession de Hitler au pouvoir et la revanche de la seconde guerre mondiale

mars 1933 : Albert Einstein, persécuté par les nazis, fuit aux Etats-Unis, où il envoie le 2 août 1939 une lettre au président Roosevelt au sujet de la bombe nucléaire

6 août 1945 : lancement de la première bombe nucléaire sur Hiroshima entrainant la mort de 250 000 Japonais en majorité des civils

13 août 1961 : construction du mur de Berlin, aveu de l’échec de la RDA et ultérieurement de tout le régime soviétique qui s’effondre en 1989

25 juillet 1968 : publication de l’encyclique Humanae Vitae interdisant aux catholiques l’usage de la contraception, qui ouvre une crise de la pratique religieuse

11 septembre 2001 : attentat contre les Twin Towers tuant 2750 personnes.

20 mars 2004 : invasion de l’Irak par les Etats-Unis, sous le prétexte d’éliminer des armes de destruction massive inexistantes

20 janvier 2017 : Donald Trump devient président des Etats-Unis, élu par une minorité du corps électoral

Ce ne sont que des exemples et on en trouverait bien d’autres. Sauf le dernier ce sont des erreurs commises par de petits groupes de personnes, voire une seule. Cela tendrait à conforter une croyance helvétique exprimée par la formule : le peuple ne se trompe jamais. Il est vrai que la Suisse, comme pays, n’apparait pas dans cette liste. Reste à qualifier trois décisions populaires récentes :

6 décembre 1992 : le peuple refuse d’entrer dans l’EEE. La Suisse adopte le statut de pays sujet, appliquant des décisions sur lesquelles elle ne peut influer.

29 novembre 2009 : l’initiative contre la construction de minarets est acceptée par 57,5% des votants alors qu’il n’y a que quatre minarets dans tout le pays

9 février 2014 : l’initiative contre l’immigration de masse est acceptée par 50.3% des votants et vidée de son contenu par le parlement fédéral en décembre 2016

L’opinion de Voltaire sur le sujet est tranchante : « Je détesterais moins la tyrannie d’un seul que celle de plusieurs. Un despote a toujours quelques bons moments : une assemblée de despotes n’en a jamais. » Il a donc fini sa vie à Ferney en évitant Genève.

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