Une chronique politique sans parti pris

Les séquelles séculaires du communisme

 

Le mur de Berlin est tombé le 9 novembre 1989. Nous célébrons donc le trentième anniversaire de cet événement, qui mit fin à un cauchemar de 72 ans, une dictature impopulaire qui réussit à se faire désigner comme démocratie populaire. On pourrait espérer qu’après une génération les effets de cette erreur historique aient disparu. Il n’en est rien. Quand on se trompe en Histoire, on déstabilise l’avenir, dont on sait qu’il dure longtemps.

Le salaire brut annuel moyen est encore inférieur à 15 600 € dans les pays d’Europe de l’Est et dans les pays baltes, excepté en Slovénie (22 900 €), alors qu’il est supérieur à 39 000 € dans les pays de l’Ouest et du Nord de l’UE. Cela va de la Roumanie à 3 059 € jusqu’à 41 562 € pour le Luxembourg, soit une variation de 1 à 13. Dans un pays comme la Pologne, le revenu a augmenté de 124%, mais il est toujours inférieur à celui du Portugal.

Or, la libre circulation des personnes est assurée dans l’UE. Donc la migration est programmée entre l’Est et l’Ouest, même vers la Suisse suite aux accords bilatéraux. Effectivement, entre 1990 et 2015, le solde migratoire a été de 19,2 % de la population de la Suisse, championne de l’accueil des réfugiés économiques, contrairement à ce que l’on croit. Elle est suivie par l’Espagne à 18%, la Norvège 13.3% et l’Autriche 12,7%. En bas de l’échelle se trouve la Portugal avec un maigre 3% : le niveau de ses salaires est inférieur à celui de la Slovénie.

Dans ce vaste mouvement de population, comparable seulement aux invasions dites barbares du quatrième ou septième siècle, l’Europe de l’Est a perdu le dixième de sa population, avec un extrême en Bosnie dont le quart des habitants ont fui lors de la guerre. Dès lors les entreprises des pays de l’Est peinent à recruter la main d’œuvre, qui leur permettrait de sortir du sous-développement hérité du communisme. L’émigration n’est pas seulement quantitative mais aussi qualitative : les personnes qualifiées trouvent plus facilement des emplois dans le pays d’arrivée. Elles ne peuvent résister à de tels différentiels de salaires.

Et pourtant le communisme fut bâti à l’origine sur les idées altruistes de Marx, Engels et Lénine. Elles se sont révélées désastreuses, non seulement pour l’état de pauvreté, voire de famine, dans lequel les populations se sont retrouvées, mais aussi et surtout par la perte de l’esprit d’entreprise, par le sentiment de fatalisme, par la violation de la dignité humaine. La destruction morale produit des effets à long terme pendant plusieurs générations.

Même l’Occident en pâtit. Non pas à cause de l’immigration d’Européens de l’Est motivés, travailleurs et compétents, mais par l’effet induit dans sa propre conscience politique. Les réflexions de Marx sur le capitalisme n’étaient peut-être pas toutes fausses, comme certains désordres actuels semblent le prouver, mais elles ont été déconsidérées par l’expérience historique. Or nous ne parvenons pas à sortir du capitalisme, de la mondialisation, de la société de gaspillage, faute de solution de rechange. La mouvance sociale-démocrate n’offre pas une véritable perspective de changement, tout juste un modeste aménagement de notre système. Staline a été au même titre qu’Hitler un destructeur du génie de l’Europe. Pour plus longtemps.

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