Une chronique politique sans parti pris

Non à une multinationale des sports

 

 

Les Valaisans n’ont pas voulu des jeux olympiques à Sion parce qu’ils refusent de débourser 100 millions, afin de permettre au CIO d’encaisser cinq milliards. D’autres villes ont refusé : Budapest, Rome, Hambourg, Boston et Toronto. Plus grand monde n’a envie de se ruiner et de contracter des dettes, d’amorcer avec l’argent des contribuables la gigantesque pompe à fric d’une multinationale.

Mais, plus profondément qu’une question d’argent, c’est l’idéal olympique qui s’est essoufflé. Trop d’argent et de corruption, menace du terrorisme, dopage, népotisme, manipulation des votes. Et surtout le détournement radical d’un idéal de paix et d’égalité par des dictatures qui croient s’acheter une conduite en se dissimulant sous un prétendu amour du sport. Dès 1936, Adolf Hitler utilisa cette manifestation à des fins de propagande et réussit admirablement à se doter d’une honorabilité factice. Ce fut également le cas à Moscou en 1980. Au fil des années les Jeux connaîtront une guerre des médailles entre les États-Unis et l’URSS. En dopant ses athlètes, en ruinant leur santé, en les transformant en gladiateurs, le communisme s’efforçait stupidement de dissimuler la faillite de son système économique.

Avec une certaine ingénuité, le baron de Coubertin réinventa les Jeux olympiques dans l’espoir de remplacer les guerres par de pacifiques compétition d’athlètes. Mais les deux guerres mondiales éclatèrent néanmoins. Les Jeux de 1916 furent annulés pendant la Première Guerre Mondiale, et ceux de 1940 et 1944 pendant la Seconde Guerre mondiale. Il ne suffit pas d’organiser des compétitions sportives pour promouvoir automatiquement l’esprit de paix. L’esprit originel de l’olympisme n’avait rien à voir avec sa dégradation actuelle en compétition des nationalismes. On décompte les médailles par pays pour calculer celui qui l’a emporté. Emporté sur quoi ?

Lorsque les Grecs inventèrent le jeux Olympiques voici 28 siècles, ils le concevaient comme une célébration à connotation religieuse de l’unité de la nation grecque. Plus tard ce fut étendu à tout l’empire romain. Lorsque Théodose installa le christianisme comme religion d’Etat, il mit logiquement fin aux Jeux Olympiques, manifestation païenne. Il y a un abîme entre cette modeste conception initiale et l’entreprise multinationale créée par Juan Antonio Samaranch. La votation du Valais a signifié que le peuple n’est plus dupe.

On pourrait rénover les jeux en les célébrant uniquement à Olympie, en ne jouant plus d’hymnes nationaux, en ne recrutant plus des équipes nationales, mais des individus qualifiés, et en les honorant comme citoyens du monde, comme éminents représentants de l’unique espèce humaine. Ce serait revenir à l’intuition géniale des Grecs de l’Antiquité.

 

 

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