Une chronique politique sans parti pris

Pour ne pas recommencer octobre 2008.

 

 

En juin nous nous prononcerons sur l’initiative « Monnaie pleine » qui restreint à la seule BNS la création de monnaie et prive les banques de leur capacité de créer de la monnaie scripturale. Le citoyen moyen n’y comprendra rien et suivra les mots d’ordre des autorités, conseillant de la rejeter. C’est oublier ce qui s’est passé.

En octobre 2008, le Conseil fédéral s’est porté au secours d’UBS. Car, ce qui se jouait dès le dimanche 21 septembre au siège de la Banque nationale suisse (BNS), c’était l’avenir du pays. Le président de l’UBS Peter Kurer et le directeur général Marcel Rohner avouent que leur banque a besoin de l’aide de l’Etat. Les pertes de l’UBS sur le marché des crédits hypothécaires à risque aux Etats-Unis s’élèvent à plus de 40 milliards. Le mercredi 8 octobre l’UBS frôle la cessation de paiement. La banque ne parvient plus à emprunter sur le marché interbancaire et la BNS atteint ses limites pour s’y substituer.

Mercredi 15 octobre, le Conseil fédéral siège à partir de 9 heures.  A 18 heures 30, les six membres de la délégation des Finances du parlement, convoqués, décident d’octroyer un prêt de 6 milliards à l’UBS. Une société de portage créée par la BNS recueillera les placements douteux de l’UBS jusqu’à hauteur de 60 milliards. Le parlement a été placé devant le fait accompli : il était plus sûr de chambrer six parlementaires, choisis avec soin.

Si l’on essaie de comprendre comment une telle gabegie a pu se produire, il faut recourir à plusieurs explications : l’ambition démesurée d’un seul homme; l’incompétence du conseil d’administration; la faiblesse des organes de l’Etat ; le financement des partis politiques par l’économie. Mais aussi le fait que la faillite d’UBS aurait paralysé le trafic des paiements puisque les avoirs des comptes tombent dans la masse en faillite.

 

Certes, suite à la recapitalisation d’UBS par la Confédération à hauteur de 6 milliards de francs, les autorités ont pu sortir de l’opération en août 2009, bénéficiaires de 1,2 milliards d’intérêts.

Mais le principal volet du sauvetage, celui auquel UBS doit sa survie, c’est la création en octobre 2008 par la BNS du fonds de défaisance des actifs toxiques. Il a recueilli 38,7 milliards de dollars de titres subprimes défaillants qui plombaient le bilan d’UBS. Or, l’opération s’est soldée, cinq ans plus tard, par un gain de 5,2 milliards de dollars pour la Banque nationale, ayant pu écouler avec profit les titres subprimes qui, extraordinairement, ont recouvré de la valeur. Mais qui donc a acheté ces actifs sans valeurs à la BNS ? Son président a prétendu que l’opération aurait  été «favorisée par le redressement des marchés». En réalité, c’est la Réserve fédérale américaine qui a racheté plus de 2000 milliards de dette immobilière pourrie pour nettoyer l’ensemble du système financier américain. Sinon la BNS aurait perdu de l’ordre de 40 milliards, soit l’équivalent de 60% du budget de l’Etat fédéral.

En sortant du bilan des banques les comptes de paiements, le trafic de ceux-ci ne serait plus affecté par la faillite d’une banque, qu’il ne faudrait plus sauver aux risques des citoyens. Or, pour l’instant nous ne sommes pas à l’abri d’une nouvelle crise dans le domaine immobilier où la Suisse bat des records d’endettement. Au moment de se prononcer sur l’initiative Monnaie Pleine, il faut s’en souvenir.

 

 

 

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