Une chronique politique sans parti pris

Il faut sauver le soldat Widmer Schlumpf

Tout d’abord le sauver parce que c’est un brave petit soldat, parce que c’est une excellente conseillère fédérale, compétente, engagée, collégiale. En sus de ces éminentes qualités, une modestie souriante, un abord aisé, un charisme naturel. Sa famille la prédestinait à sa fonction en s’attachant plus au service qu’au pouvoir. Face aux menaces de son propre parti, elle a tenu bon en 2007 comme c’était son devoir : élue du parlement elle ne pouvait céder ä son parti. Parfois elle se retrouvait au banc du gouvernement avec Doris Leuthard et Simonetta Sommaruga pour traiter un dossier complexe. C’était merveille de les voir communiquer entre elles, comme le font trois femmes participant d’une complicité naturelle à leur sexe, au-delà de ces appartenances partisanes qui déterminent les mâles. On a vu s’incarner une autre forme de politique, plus maternelle que paternelle, plus bienveillante que compétitive.

Ce n’est pas tout. Si elle devait céder son siège à un UDC bon teint, de deux choses l’une. Ou bien ce candidat est celui présenté par le parti pour son adhésion aveugle à la ligne et la gouvernance de la Suisse en pâtira. Ou bien ce sera un UDC modéré et collégial, repêché par les autres partis et il sera aussitôt, comme Eveline Widmer-Schlumpf, exclu du parti pour délit de lèse-Blocher. L’assemblée fédérale n’aura le choix qu’entre un laquais avéré et un prétendu traître. En d’autres mots c’est le parti UDC  qui veut désigner le conseiller fédéral en violation de la Constitution.

Dès lors que l’enjeu de cette élection dépasse de loin la personne de l’actuelle conseillère fédérale, les positions du PLR et du PDC sont révélatrices. En annonçant qu’il votera pour le candidat UDC, le PLR Olivier Français se range dans un camp où il n’est plus possible de le rejoindre, quelles que soient ses qualités personnelles. En sollicitant les suffrages de l’extrême-droite pour être élu au Conseil des Etats, il se prive de ceux du centre, allergique ä tous les extrêmes. Face au populisme envahissant toute l’Europe comme dans les années 30, à la montée de la xénophobie, ä l’intolérance ä l’égard de l’Islam, le front républicain doit être intransigeant. Sinon on met en péril la démocratie dans son essence même, le principe de l’égale dignité de tous.

Les parlementaires PDC qui voteraient contre Eveline Widmer-Schlumpf renieraient et leur choix antérieur en 2007, et les valeurs de leur parti. La bonne réputation d'un parti comme d'une personne, c’est comme les allumettes, cela ne sert qu’une seule fois.

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