Une chronique politique sans parti pris

Un Parc National multisites

 Le Conseil national discute ce lundi 8 juin du projet de Parc National d’innovation en Suisse mais sans trop d’illusions. Il suit la majorité de la commission parce que l’innovation est essentielle à notre activité économique de pointe. La Confédération soutient déjà par son budget la formation et la recherche mais ce soutien budgétaire est limité alors que les demandes foisonnent: compensation du financement d’Horizon 2020 par l’UE, doublement du nombre de médecins à former, etc. Le seul appui supplémentaire ne peut provenir que d’un engagement du patrimoine fédéral, en l’occurrence les 70 hectares de l’aérodrome militaire de Dübendorf promis à l'ETHZ.

Ce principe est simple, évident, positif mais son application s’est rapidement compliquée,obscurcie, dégradée. Le cadeau royal proposé à l’ETHZ impliquait absurdement une forme de compensation jalouse pour la Suisse romande. En fait l'EPFL a créé son propre parc d'innovation voici 25 ans sans en faire tout un plat. Le problème est déjà résolu en Suisse romande mais les cantons en le savent pas ou ne veulent pas le savoir. On est donc passé petit à petit de l’idée d’un Parc National à celle d’un réseau de parcs cantonaux, tant le fédéralisme est contraignant. Chaque canton a voulu son petit parc. Et le mot réseau a joué un rôle essentiel. Les parlementaires se sont persuadés qu'un réseau est l'équivalent d'une proximité spatiale.

Cela pose la question fondamentale : à quoi sert un parc d’innovation? A rassembler en un lieu des chercheurs, travaillant des laboratoires publics ou privés et, en particulier à susciter la création de start-ups en leur fournissant des locaux et un encadrement. Pourquoi rassembler des chercheurs ? Parce qu’un problème insoluble pour un chercheur isolé trouve naturellement, spontanément sa solution par contact avec un autre chercheur rencontré dans un colloque, un séminaire, ou tout simplement dans une cafétéria. Dès lors la dilution spatiale d’un Parc National en 26 miniparcs cantonaux va à l’encontre du principe que l’on prétend mettre en œuvre.

Ce pis-aller souligne le manque de vision et de gouvernance au niveau de la Confédération. La Conseiller fédéral Schneider Amman s’est refusé obstinément à céder les recettes récoltées à Dübendorf pour accorder des aides à fonds perdus aux autres sites. La Confédération se portera garante des prêts consentis pour l’achat de matériel mais seulement jusqu’à 350 millions au maximum.

Telle est l’idée que se fait de la recherche toute administration. Construire des locaux, oui parce que cela se voit, acheter des équipements certes mais pas trop. Mais les chercheurs ? D’où viendront-ils lorsque la Confédération définira des contingents selon la votation du 9 février 2014 ? Les bâtiments risquent bien d’être vides de talents. Ce problème n'a même pas été évoqué.

Cet arrêté sur le Parc national est donc une coquille vide comme le furent récemment les lois sur la formation continue ou les bourses pour les étudiants. On proclame haut et fort d’excellents principes qui se dissolvent dans le manque de vision générale. On édicte une loi pour ne pas paraître inerte, une loi qui sert de paravent  au déficit de politique. Une fois de plus manque un Conseiller fédéral en charge de la formation et de la recherche, de cela et seulement de cela. Et si possible compétent et efficace.

Quitter la version mobile