Au mois d’octobre se tiendra à Rome un deuxième synode des évêques catholiques consacré à la famille. La question centrale est le statut des divorcés remariés civilement : selon la règle actuelle ils sont exclus des sacrements et ne peuvent ni se confesser, ni communier, sauf à promettre de vivre un mariage blanc. Bien entendu, cette règle ne vaut ni pour les Eglises réformées, ni pour les Eglises orthodoxes, moins rigides ou plus charitables
Le consensus des fidèles à ce sujet est assez clair : une large majorité s’est dégagée dans une consultation pour que cette règle soit abandonnée. En revanche certains évêques la défendent. D’une part l’Eglise catholique d’Allemagne est favorable à son abrogation, d’autre part les évêques africains y sont opposés. Et donc une règle de vie, une pratique morale sera discutée puis décidée par une assemblée d’une centaine d’évêques au terme de ce qu’il faudra bien appeler un débat politique. Un rapport de force, une lutte de pouvoir tranchera.
La centralisation excessive de l’Eglise catholique romaine la met ainsi dans la situation délicate de faire une politique de la religion. L’Eglise allemande a déjà annoncé que, si la règle était maintenue, elle ne l’appliquerait pas en son sein. Et donc la Rome vaticane se trouve devant une menace de schisme, totalement démesurée par rapport à l’objet qui la suscite. Dès lors un point de détail, le statut des divorcés, suscite une interrogation fondamentale : peut-on, doit-on organiser une Eglise quelconque sur un modèle centralisé ou bien faut-il accepter une diversité d’opinions et de pratiques, en fonction de la géographie ou de la sociologie ?
En Suisse on sait par expérience qu’un modèle centralisateur de l’Etat est destructeur de l’unité réelle qu’il prétend incarner dans une uniformité de façade. Si l’on prétend imposer la même « religion » à un Suédois et à un Zaïrois, on court à l’échec, tant les cultures, les sensibilités, les circonstances sont différentes. Il serait temps que les prélats prennent la mesure des avancées de la société civile, qui est devenue plus tolérante, plus ouverte, plus bienveillante, plus respectueuse : en un mot plus chrétienne que certaines Eglises.
