Peut-on faire de la publicité pour le tabac ?
Dans la plupart des pays civilisés, sauf la Suisse, c’est interdit pour une raison évidente. La consommation de tabac engendre des maladies souvent mortelles, résumés par l’avis sur chaque paquet : Fumer tue. On ne conçoit pas que l’on puisse à la fois mettre en garde le fumeur et simultanément l’encourager à fumer davantage. Certes, faire et défaire c’est toujours travailler, mais c’est aussi le symbole de l’absurde. Les emplois consacrés d’une part à l’industrie cigarettière et d’autre part aux hôpitaux disparaitraient si la fumée cessait d’être une pratique.
Mais ces emplois méritent-ils qu’on les préserve en incitant quelques malheureux à un suicide lent ? Le Conseil fédéral propose de réduire la publicité. Des voix autorisées, c’est-à-dire subsidiées par les producteurs de cigarettes, se sont aussitôt élevée contre cette entrave à la liberté du commerce. Leur argument massue est que l’interdiction de publicité ne réduira en rien la consommation et même que certains pays, dont la France, libres de publicités, consomment davantage de tabac que la Suisse. Cela signifie que les fabricants de cigarettes paient la publicité à l’encontre de leur intérêt. Ils investissent 21 millions par an en Suisse pour rien du tout. Ils ont même parfois la pensée réconfortante que grâce à leur publicité, il y a moins de fumeurs.
Tels sont les raisonnements illogiques qu’affectionnent les politiciens en déroute, obligés de défendre une cause indéfendable. Ils se précipitent sur n’importe quel argument pourvu qu’ils puissent articuler deux ou trois phrases qui occupent le terrain de la controverse. Ils se gardent de réfléchir au point de découvrir eux-mêmes que leur raisonnement est autodestructeur. Ou bien ils méprisent les électeurs au point d’être prêts à leur faire avaler n’importe quoi. Entre la stupidité et le mépris on continuera d’encourager une pratique mortelle.