Une chronique politique sans parti pris

Il y a toujours à la fois trop ou trop peu d’immigrants

L’initiative contre l’immigration de masse de l’UDC commence à faire beaucoup de bruit. Elle est, comme toutes les autres démarches de l’UDC, affligée d’une contradiction interne. Si elle réussissait, les relations bilatérales avec l’UE deviendraient caduques et des problèmes paradoxaux et contradictoires de chômage et (ou) de pénurie de personnel qualifié apparaîtraient selon le secteur considéré. Une des rares issues possibles serait l’adhésion pure et simple à l’UE, tant il est vrai que les relations bilatérales n’ont été négociées que pour pallier les inconvénients d’une non-adhésion. Or l’UDC se caractérise par sa capacité historique à élaborer une stratégie à long terme. Comment cet effet paradoxal de l’initiative n’a-t-il pas été prévu ? Pourquoi l’UDC court il ce risque d'atteindre un effet contraire à sa raison d'être?

Cependant les adversaires à l’initiative sont affligés de la contradiction symétrique. La croissance de l’économie engendre des inconvénients en matière de mobilité et de logement, qui exaspèrent la population et la poussent à soutenir l’initiative. Or les opposants à l’initiative fondent leur campagne sur le risque d’une décroissance de l’économie en cas d’acceptation de l’initiative. Mais celle-ci résoudrait automatiquement les problèmes mentionnés. Autre contradiction interne. Ils souhaitent une croissance animée par des acteurs virtuels, des immigrants fantômes, transparents, vivant dans la rue et se déplaçant à pied. Pourquoi le Ciel ne fournit-il pas des anges à un pays aussi exemplaire que le nôtre?

Dans le débat à venir, chaque partie se fera un malin plaisir de souligner la contradiction fondamentale de l’autre partie. Mais il n’y a au fond qu’une seule et même contradiction: le peuple veut et ne veut pas de la croissance, il souhaite ses avantages et refuse ses inconvénients. Il redoute autant la stagnation que la croissance. Or, notre système économique s’est révélé à l’usage incapable de gérer  une marche des affaires  à la fois stable et durable. Il risque à tout moment de tomber de l’inflation dans la déflation et réciproquement, comme l’alpiniste suivant une ligne de crête entre deux abîmes. Telle est la contradiction fondamentale de l’économie libérale et toute tentative pour en sortir s’est révélée désastreuse. C’est le pire des systèmes si l’on exclut tous les autres. Il faut faire avec. C'est comme la vie: il n'est pas possible de la donner sans infliger la mort.

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